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Ces lettres intéressent un quart de siècle, années pendant lesquelles, y compris à travers la régression fasciste, se prépare dans la douleur l'Italie nouvelle. La dictature a ses prisons, ses déportés. Elle ne parvient pas à réduire les exigences de la pensée. La correspondance de Pavese en est l'un des témoignages les plus purs. On chercherait en vain dans ces lettres l'«homme de lettres» qui se regarde écrire. Être vrai, n'être que soi, fût-ce au prix du dénuement, sans écran culturel, dans la spontanéité, voire la brutalité du moment, telle est la seule discipline à laquelle se soumette rigoureusement cette correspondance, où Pavese ne craint jamais d'écrire au plus près de la langue parlée, et dans son rythme. D'où le surcroît de présence vivante, dans ces pages, du poète mal apprivoisé qu'il fut, ombrageux Piémontais qui ne peut tolérer davantage la pose dans les échanges intellectuels que l'hypocrisie dans les rapports humains. Ce provincial amoureux de sa ville de Turin, cet homme tranquille, ce travailleur acharné qui déteste l'aventure, a vécu aussi tragiquement, on le sait, le conflit entre l'art et la vie. Ayant conquis la solitude «virile» où il voyait la condition de la poésie, Pavese n'en a pas moins cherché de toutes ses forces à y échapper par l'amour. Cette lutte se lit d'un bout à l'autre de ce recueil de lettres qui, en cela aussi, peuvent être vues comme une affirmation quotidienne de «pavésisme».
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