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Est-on encore libre lorsqu'on agit mal ? Nos actes déterminent-ils ce que nous sommes et devenons ? L'homme s'excepte-t-il du monde ? Ou bien, à l'inverse, en relève-t-il essentiellement ? L'éthique d'Anselme se situe à la croisée des chemins.
Si la liberté a pour fin la justice, c'est parce qu'elle ne se présente plus comme la fin de cette dernière, mais qu'elle demeure quoi que l'on fasse. Si l'éthique porte sur les actes de l'homme, qui font de lui ce qu'il est, ce n'est pas pour refuser toute idée d'une nature essentielle que nous aurions reçue. En un mot, l'homme échappe au cours naturel des choses, en faisant un certain usage des pouvoirs qu'il possède par nature.
La liberté elle-même, par laquelle l'homme se distingue des autres êtres du monde, se pense ainsi comme un pouvoir naturel, et donc inamissible. Invoquer la supériorité de l'âme sur le corps ne suffit dès lors plus pour penser la liberté ; Anselme nous invite à la penser à partir d'une certaine interprétation de la constitution de ce qui est. En d'autres termes, la réflexion éthique appelle une exploration des sens de l'être.
Le présent ouvrage montre comment, en l'absence d'une métaphysique établie, Anselme recourt, pour fonder son éthique, à l'enseignement de la logique, ou dialectica, laquelle ne saurait être réduite à une sémantique. Les multiples remaniements des concepts éthiques, mais aussi logiques, révèlent une pensée latine qui s'ouvre à l'interrogation métaphysique.
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