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Les occasions manquées

Couverture du livre « Les occasions manquées » de Lucy Fricke aux éditions Le Quartanier
Résumé:

Martha se voit demander par son père, Kurt, en phase terminale d'un cancer, de l'amener de Hanovre jusqu'en Suisse, dans une clinique de suicide assisté. Mais ne conduisant plus, traumatisée par un accident, Martha sollicite Betty, son amie depuis vingt ans, qui consent à les accompagner. Or, le... Voir plus

Martha se voit demander par son père, Kurt, en phase terminale d'un cancer, de l'amener de Hanovre jusqu'en Suisse, dans une clinique de suicide assisté. Mais ne conduisant plus, traumatisée par un accident, Martha sollicite Betty, son amie depuis vingt ans, qui consent à les accompagner. Or, le but du voyage se révèle bientôt un prétexte à d'autres desseins. L'odyssée burlesque alors engagée se prolonge en Italie, et ce n'est plus seulement Martha qui explore les voies de libération d'une histoire douloureuse, mais Betty.
Entravée par le legs symbolique d'un beau-père tromboniste et menteur, elle aspire à se recueillir sur sa tombe. Le roman de la route devient alors polar. De Berlin aux Cyclades, Betty et Martha, à l'aube de la quarantaine, cherchent un père, des pères, et se déprennent du regret des occasions manquées. Dans une langue innervée d'un humour acide et d'une gouaille mélancolique, Lucy Fricke mène ses héroïnes, soudées par les confidences et l'alcool, au fil des rebondissements et des rencontres, vers une vie délestée.

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Avis (3)

  • À quoi reconnaît-on un(e) ami(e) ? À ce qu'il(elle) accourt quand on lui lance un appel au secours. C'est ce qui arrive à Martha et à Betty. Encombrée par un père agonisant qu'elle a peu connu et qui souhaite mourir dans la dignité dans une clinique suisse, la première demande de l'aide à la...
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    À quoi reconnaît-on un(e) ami(e) ? À ce qu'il(elle) accourt quand on lui lance un appel au secours. C'est ce qui arrive à Martha et à Betty. Encombrée par un père agonisant qu'elle a peu connu et qui souhaite mourir dans la dignité dans une clinique suisse, la première demande de l'aide à la seconde.
    Commence alors un périple extravagant qui emmène le trio improbable de Berlin à la Grèce en passant par le pays du chocolat et l'Italie sur les traces d'Ernesto, l'un des nombreux amants de la mère de Betty, que celle-ci a toujours considéré comme un père et dont le départ subit l'a bouleversée.
    Dans le registre des tragi-comédies sur le mode « quadragénaires désespérées », « Les occasions manquées » est un archétype du genre, limite fourre-tout, mais qui fonctionne grâce à une construction efficace, un humour décapant, des dialogues savoureux et des personnages attachants. J'avoue une petite préférence pour Kurt, le père de Martha, un modèle de rédemption et d'abnégation.
    Au mitan de leurs vies, les deux amies, pleines d'états d'âme et de regrets, font le bilan de leurs quatre décennies d'existence.
    Côté Betty, la narratrice-écrivaine au bout du rouleau et en panne d'inspiration, la solitude, que les antidépresseurs ne guérissent pas, fait office de compagne, les rides suscitent la désolation et la beauté se conjugue au passé.
    Côté Martha, rongée par la culpabilité d'avoir provoqué la mort d'un ami dans un accident de voiture, l'horloge biologique tourne à toute vitesse. Après avoir reporté maintes et maintes fois sa séparation d'avec Henning, elle l'a finalement épousé et s'entête à concevoir un enfant.
    Pour tenter de rafistoler leur accablement et l'omniprésence de la mort, surtout celle des pères, toutes deux carburent volontiers au whisky !
    En 270 pages, Lucy Fricke fait passer ses « héroïnes » du désenchantement à l'espoir, un espoir entretenu par une quête. Que celle-ci soit d'un père ou d'autre chose n'a pas d'importance. L'essentiel est de se fixer un but. Juste pour que la vie ait un sens et ne soit plus qu'une succession de jours sans saveur et d'échecs. Juste pour retrouver un peu de l'innocence de l'enfance. Juste pour se réconcilier avec soi-même...
    Mine de rien, le premier roman traduit en français de l'Allemande Lucy Fricke a tout d'un conte au pessimisme joyeux dans lequel les victoires contre les obstacles sont autant d'occasions de grandir. Pour mieux « tromper la mort »...

    EXTRAITS
    Devenir adulte se résumait à deux choses : la naissance du premier enfant et la mort des parents.
    On n'était jamais isolé, mais on était toujours seul.
    Le plafond de verre, je m'y cognais toujours.

    http://papivore.net/litterature-germanophone/critique-les-occasions-manquees-lucy-fricke-le-quartanier/

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  • Une belle histoire de pères et de filles…
    Kurt, qui souffre d'un cancer en phase terminale, veut qu'on le conduise en Suisse dans une clinique où on aide les gens à mourir. Martha, sa fille, n'y tient pas : 1) il ne s'est pas particulièrement occupé d'elle pendant sa vie, elle ne voit pas...
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    Une belle histoire de pères et de filles…
    Kurt, qui souffre d'un cancer en phase terminale, veut qu'on le conduise en Suisse dans une clinique où on aide les gens à mourir. Martha, sa fille, n'y tient pas : 1) il ne s'est pas particulièrement occupé d'elle pendant sa vie, elle ne voit pas pourquoi elle se taperait le sale boulot au moment de sa mort, 2) elle conduit très mal, mais vraiment très mal, 3) elle a ses problèmes à elle et ça lui suffit. Elle a alors l'idée géniale de demander à sa meilleure amie Betty de prendre le volant. Celle-ci accepte mais elle poursuivra ensuite son périple vers l'Italie où elle veut retrouver la tombe de son beau-père qui a disparu du jour au lendemain sans donner de nouvelles...
    Et c'est parti pour un road-trip plein d'imprévus… Tandis que Kurt tousse à s'en faire exploser les poumons et urine dans le vieux tacot qu'il a imposé aux filles (oui, sa voiture, c'est sa vie!), Martha, en mal d'enfant et sortant à peine d'une très lourde dépression, fume, pleure, jette un coup d'oeil sur son père, repleure, refume, vomit, s'interroge sur l'existence et dort. Quant à Betty, elle pense à son passé, tente de faire le point, fume, boit, discute avec Martha, s'inquiète des ronflements tonitruants du père et conduit la voiture du mieux qu'elle peut...
    Bref, ils vont tous très mal : les filles se demandent ce qu'elles ont fait des quatre décennies qu'elles viennent de traverser tandis qu'à l'arrière du tacot, le père se meurt ...
    Je vous le dis tout de suite, la balade, vous la faites avec les filles, vous y êtes, vous partagez leur côté désabusé, leur terrible désenchantement, leur profonde mélancolie et leur désespoir sans fond. Elles ont perdu leurs illusions, ne croient plus en rien et ne cherchent en aucun cas à faire semblant. Et on les aime, ces filles, parce qu'elles sont vivantes, sensibles, fragiles et tellement lucides dans leurs analyses de ce qu'elles sont et de l'époque qu'elles traversent (la nôtre!)
    Pas difficile de s'identifier à elles !!!
    Oui, c'est triste (et très très drôle aussi, plein d'humour piquant et bien cynique!), oui c'est plein de nostalgie, oui, on a le seum de se dire que finalement, on est un peu comme elles… et il y a tant d'humanité, d'amour, d'émotions là-dedans qu'on a juste envie de les serrer très fort dans nos bras...
    Un beau texte et des personnages très attachants. Un coup de coeur !

    Lire au lit le blog

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  • Un hymne à la vie !
    S’il est un livre à retenir dans le sombre des doutes, des questionnements, le voici. Magistral, un cerf-volant en plein ciel. Ne craignez pas son envol, « Les occasions manquées » auront œuvré. L’histoire est sève. L’Ère des petits riens dévoile ses capacités, son...
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    Un hymne à la vie !
    S’il est un livre à retenir dans le sombre des doutes, des questionnements, le voici. Magistral, un cerf-volant en plein ciel. Ne craignez pas son envol, « Les occasions manquées » auront œuvré. L’histoire est sève. L’Ère des petits riens dévoile ses capacités, son hédonisme est une chapelle à l’instar d’Amélie Poulain. Le crucial d’une trame qui éveille et incite au chemin de traverse. « Les occasions manquées » est un futur classique. Betty et Martha, deux amies siamoises, lianes et constance (la plus belle des qualités humaines) depuis vingt ans sont liées à l’adversité et à la connivence. Le père de Martha est malade, très. Il veut aller en Suisse dans une clinique pour en finir avec la vie tumultes, ressacs et souffrances. Attention ! ici pas de pathos. Nous sommes dans une dimension où l’écriture est de rires et de surprises. La gravité est loyale, sous-bois, appliquée et attend l’heure pour suspendre les légèretés.
    « Rideaux tirés, vaisselle lavée, quatre cartons fermés et une armoire vide. L’appartement était prêt pour notre départ. Il n’avait jamais été très causant. Nous étions les filles de ces pères qui ne trouvaient le temps de nous parler qu’à l’heure de la retraite. »
    De Hanovre jusqu’en Suisse, le voyage est de collines et de confidences, de regrets. La beauté étincelle sur les routes émancipatrices. « Les occasions manquées » et tout recommencer. Betty, la fidèle vit elle aussi le manque du père. Il a quitté le foyer lorsqu’elle était à peine adolescente. Un père flouté par son éphémère présence. Arrivé dans l’antre familial lorsqu’elle était encore enfant. Le relationnel déformé par un trop plein d’amour pour cet homme et les fantasmes d’une fillette. Le voyage est picaresque, de bosses et de vagues. L’humour est un cahier du jour, des bulles de champagne. Rien ne va se passer comme prévu. On est dans le manichéen qui dresse la table des saveurs du monde.
    « Si ladite liberté se révélait être une errance sans but et qu’on se transformait soi-même en fausse-route ?
    Bousculer les aléas des vies, les manques et se dire qu’à l’extrême ligne d’horizon les renaissances seront allouées. Les épreuves enfin salvatrices. D’aucuns brusquent les quêtes. « Les occasions manquées » est l’électrochoc de l’urgence. Le point d’appui des existences frustrées par les non-dits, les faux-semblants, les erreurs d’aiguillage et les pas de côté.
    « Allez, on y va. C’était la phrase qu’on prononçait au moment de gâcher sa vie. »
    La contemporanéité qui se révèle être la dernière carte en main, l’as de cœur. « Les occasions manquées » est la partition des renaissances. Le chant des pères à marée basse où tout œuvre enfin. Lucy Fricke est digne d’un génie évident. Bouleversant, initiatique, le macrocosme générationnel, les amours fraternels, la concorde du périple nourricier. De Berlin aux Cyclades : « Je vous ai pêché des coquillages ». Traduit de l’allemand avec brio par isabelle Liber. Publié par les majeures Éditions Le Quartanier éditeur.

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