La baronne Kathleen Annie Pannonica de Koenigswarter (1914 - 1988), descendante de la branche
anglaise des Rothschild, adorait le jazz.
Après s'être radicalement libérée des nombreuses contraintes de son éducation aristocratique et
avoir fui les exigences conformistes de sa caste, Nica de Koenigswarter a consacré sa vie au jazz et
à ses musiciens.
Elle les a tous connus, à New York surtout, en 1951, dans sa suite à l'année du luxueux hôtel
Stanhope où ces musiciens désargentés savaient qu'ils pouvaient y trouver un gîte et le couvert et
même la mort comme Charlie Parker ; mais aussi dans les clubs de Harlem et dans les premiers
studios d'enregistrement.
La baronne s'est vouée à eux, les a soutenus, leur a par la suite ouvert sa maison de Long Island,
les a entourés d'une affection et d'une attention sans faille.
Les musiciens reconnaissants lui dédièrent d'ailleurs une vingtaine de morceaux : Pannonica
(Thelonious Monk), Nica (Sonny Clark), Blues for Nica (Kenny Drew), Thelonica (Tommy
Flannagan)... Patronne et muse !
Et tout en s'occupant d'eux, Nica a photographié au Polaroid ces 300 musiciens compositeurs qui
faisaient le monde du Jazz dans les années cinquante et soixante ; Charlie Parker, Thelonious
Monk, Dizzie Gillespie, Count Basie, Louis Armstrong, Lionel Hampton, Bud Powell, Sun Ra, Miles
Davis et tant d'autres..
Et à chaque photo qu'elle prenait d'un de ces jazzmen, elle lui posait, espiègle, cette question :
« Si tu avais trois voeux et qu'ils puissent être immédiatement exaucés, quels seraient-ils ? »
Miles Davis répondit : « être blanc » !
Charlie Mingus : « je n'ai aucun voeu à formuler...AUCUN...enfin, à réfléchir, je ne refuserais pas un
peu d'argent, un peu d'argent pour payer mes factures !...mais c'est tout, c'est absolument
tout...j'ai changé » !
Duke Ellington : « mes voeux sont simples !...je veux ce qu'il y a de mieux ... » !
Trois voeux, pas un de plus ni un de moins, voilà ce que Nica a demandé aux musiciens de jazz qu'elle a rencontré tout au long de sa vie.
Pannonica est née Rotschild à Londres en décembre 1913 a toujours aimé le jazz. Dès son adolescence, lors de la seconde guerre mondiale elle le découvre aux états-unis où elle accompagne son frère, et l'aimera jusqu'à ses derniers jours.
À partir des années 50, elle devient l'amie des musiciens de jazz, et fait la tournée des clubs en leur compagnie. Elle ne sera pas seulement leur amie mais aussi leur protectrice, leur permettra de trouver des contrats, devient membre du syndicat des musiciens, sera agent de certains d'entre eux.
On a même pu dire d'elle « Elle se met souvent en difficulté par le seul fait d'être blanche, accompagnée de Noirs. ». Ses protégés vivent chez elle, dans les différents hôtels où elle réside puis dans sa maison, où ils peuvent se détendre et créer.
Dès la fin des années 60, avec son polaroid Nica a déjà réalisé de nombreux clichés de ses amis musiciens. Elle leur demande également de faire trois voeux. Et a déjà le projet d'en faire un livre. Il lui semble que ces voeux sont emblématiques de leur communauté : musique, argent, amour, travail, famille.
Plus AUCUNE discrimination
ÊTRE UN ARTISTE
Être MOI
Apporter une contribution au jazz
Que Charlie Parker soit encore en vie
Le bonheur pour le reste du monde, mais le bonheur tel qu'ils le veulent vraiment.
La paix parmi les hommes.
Disparition du racisme.
ÊTRE BLANC !
Je demande la paix…
Et pour connaître les autres voeux, allez vite tourner les pages.
Ce livre est un hommage à celle qui a tant aimé tous ces musiciens. Et une belle découverte. Je ne connaissais absolument pas Pannonica de Koenigswarter, ni toutes ces photos de musiciens, dont pour la plupart je ne connaissais pas même les noms. J'ai aimé ce livre, qui s'ouvre à n'importe quelle page pour en lire quelques voeux, quelques mots. Pour y découvrir ces photos d'instants de vie.
https://domiclire.wordpress.com/2023/12/01/les-musiciens-du-jazz-et-leurs-trois-voeux-pannonica-de-koenigswarter/
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