Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Raoul Wallenberg, Varian Fry ou encore Oskar Schindler, de nationalités suédoise, américaine et allemande, connurent un incroyable destin avec un même point commun : sauver d'une mort certaine et de la barbarie nazie, des centaines, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Ils furent des "Justes".
Budapest, 13 janvier 1945. Raoul Wallenberg regarda furtivement sa montre. Dans l'obscurité quasi totale, il s'aperçut qu'il était cinq heures du matin ce samedi 13 janvier dans la capitale hongroise. Lui, qui avait sauvé de la déportation, avec ses collaborateurs, plus de 130.000 juifs, songea soudain : "Dans moins d'une heure, les Russes seront là." En relevant le col de son manteau d'un geste frileux, il s'assura machinalement que son passeport diplomatique était toujours là, dans sa poche intérieure. C'était son sauf-conduit, du moins le croyait-il. Il avait neigé toute la nuit et une épaisse couche de glace recouvrait les ruines de Pest, sur la rive orientale du Danube. Le bruit de la mitraille et des combats s'était encore rapproché. Les libérateurs étaient à quelques dizaines de mètres. Soudain, un choc sec et brutal abattit la porte de leur abri, dans la cave d'un bâtiment réduit à l'état de ruines. Des soldats russes, à la mine patibulaire et grise, couverts de gravas, venaient de les mettre en joue. Ils articulaient des phrases incompréhensibles. Apparemment, la guerre avait pris fin... Mais le calvaire, pour le jeune secrétaire de la légation suédoise, ne faisait que commencer...
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