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Les cendres du soupçon

Couverture du livre « Les cendres du soupçon » de Macha Sery aux éditions Philippe Rey
Résumé:

« Plusieurs fois, en me glissant dans le lit, un geste ou une parole de Jean m'avait fait sursauter. J'avais mis ces modifications de son caractère tantôt sur le compte d'une succession de caprices destinés à me plaire, tantôt sur le fait que ces changements ne pouvaient être des variations de... Voir plus

« Plusieurs fois, en me glissant dans le lit, un geste ou une parole de Jean m'avait fait sursauter. J'avais mis ces modifications de son caractère tantôt sur le compte d'une succession de caprices destinés à me plaire, tantôt sur le fait que ces changements ne pouvaient être des variations de sa personnalité, mais des ajouts à l'image incomplète que je m'en étais fabriquée. Quoi qu'il en fût, je ne m'en plaignis pas. C'étaient des infidélités inoffensives. Chaque soir, j'étreignais un homme différent de la veille. Durant une semaine, tandis qu'il me tenait entre ses reins, il se mit à me vouvoyer. D'autres fois encore, il demandait que je m'offre à lui dans des positions étranges, cul par-dessus tête, buste arc-bouté, puis il exigeait de moi des pudeurs d'effarouchée, des frayeurs d'écorchée vive. Quelques nuits plus tard, le voilà criant des insanités que n'aurait pas reniées le pire des pornographes. Avec lui, le plaisir physique devenait un accord dont les clauses étaient insaisissables. Comment rendre la pareille à un être si dissemblable ? En s'accouplant à ses envies de gré à gré. Ce que je fis. » Chloé raconte sa « vie d'avant » avec Jean, brocanteur raffiné et sensuel, dont la passion et l'énergie lui offrirent un bonheur tissé de complicités et d'évidence. Mais pas pour longtemps. Malgré elle, Chloé a changé le regard qu'elle portait sur l'homme aimé, le soupçon a enclenché l'oeuvre de destruction. De l'hôpital psychiatrique où elle séjourne à présent, Chloé détaille l'univers feutré qui l'entoure, où se meuvent des êtres tragiques et attachants, brandissant les failles gigantesques qui les ont isolés du monde : Roger, le vieillard aux goûts de luxe et à la colonne vertébrale brisée ; la dame à plume blanche et aux bottes de cheval ; M. Nuque, toujours penché comme la tour de Pise. Un univers paradoxal de douleur et de calme, où « on flotte dans une rêverie comme dans un vêtement trop grand. » La force de ce premier roman de Macha Séry tient au tressage subtil de deux récits : l' « avant » offre le spectacle de la décomposition de l'amour pour Jean ; le « pendant » celui des naufragés que côtoie dorénavant Chloé à l'hôpital psychiatrique. Et la fin du livre, qui fera le lien entre ces deux récits, laissera au lecteur un goût de cendres, goût heureusement tempéré par l'humanité et l'humour qui colorent cette descente vers les excès de la déraison.

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