De belles lectures pour les beaux jours
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man's land, ces ennemis d'enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s'ajoute la monotonie des journées d'hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d'«apithe´rapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part a` l'aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et du silence des montagnes de Crimée, l'oeil de Moscou reste grand ouvert...
De belles lectures pour les beaux jours
Les personnages attachants et originaux, sont décrits pendant la guerre dans la région du Donbass par cet auteur qui sait parler avec humanité de Serguei et Pachka son ennemi d’enfance grâce à son magnifique talent de conteur.Cette fable écrite avant l’invasion de l’Ukraine nous fait prendre conscience du quotidien de tout un peuple abandonné à son sort. L’humour et les situations surprenantes sont au rendez vous pour nous permettre d’affronter ces situations si difficiles qui nous laissent un goût amer.
Voici un roman très d’actualité qui a remporté de Prix Médicis Etranger 2022. Il se situe en 2017 soit trois ans après le début de la guerre au Donbass. Ce n’est pas un roman de guerre mais plutôt un récit sur les civils qui vivent dans cette zone grise qui se situe entre les deux lignes de front, celle de l’armée Ukrainienne et celle des séparatistes prorusses.
C’est l’histoire de Sergueitch et de Pachka, deux ennemis d’enfance qui sont les seuls à être restés dans leur petit village, déserté par tous. Par la force des choses, ils vont presque devenir amis, et ce, malgré leurs orientations politiques divergentes. Le personnage principal de ce roman est Sergueitch, mineur de fond à la retraite et apiculteur qui garde amoureusement ses abeilles dans son garage. L’histoire commence en hiver et va nous mener jusqu’à l’arrivée du printemps où Sergueitch va charger ses ruches dans son antique véhicule et partir pour la Crimée à la recherche d’Ahtem, un apiculteur Tatar rencontré deux décennies plus tôt lors d’un congrès d’apiculture, et d’un endroit calme afin de faire butiner ses abeilles. Il nous offre un road trip dans ce pays en guerre où il va rencontrer des personnes bienveillantes mais aussi où l’œil de Moscou ne se ferme jamais.
C’est d’une écriture délicate et sans fioriture qu’Andreï Kourkov raconte ce pays en guerre et le quotidien de ces civils oubliés de tous, coincés entre les deux lignes de front. Il y décrit la menace permanente des bombardements, la rudesse de l’hiver sans électricité ni gaz, l’impossibilité de se ravitailler et l’importance d’une présence humaine, soit-elle celle de son ennemi de toujours.
Andreï Kourkov a écrit ce roman en 2017,soit trois ans après le début de la guerre au Donbass. Il résonne encore plus fort en nous aujourd’hui avec la nouvelle phase de cette guerre. D’ailleurs cette zone grise dont il est question ici n’existe plus puisqu’elle est maintenant occupée par les russes.
Sergueï Sergueïtch, bientôt la cinquantaine et Pachka Khmelenko, son ennemi d’enfance depuis la toute première classe de l’école du village sont les deux derniers habitants de Mala Starogradivka. Ce petit village situé en « zone grise », entre la république du Donetsk et l’Ukraine, zone qui n’est ni ukrainienne ni russe, est donc surveillé de part et d’autre par l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes depuis 2014. Les autres habitants sont partis dès le début des combats. Pour survivre aux rigueurs de l’hiver dans ce no man’s land privé d’électricité, avec des conditions de vie rudimentaires rythmées par le son des explosions, et pour échapper un peu à la monotonie de ces journées d’hiver, Sergueï et Pachka n’ont guère d’autre choix que de se parler et coopérer malgré leurs points de vue différents vis-à-vis du conflit.
Sergueï a été inspecteur de la sécurité dans les mines puis, atteint de silicose, mis en invalidité. Il est maintenant un apiculteur entièrement dévoué à ses abeilles, sa seule source d’inquiétude.
Aussi, aux premiers signes du printemps, décide-t-il de leur trouver un endroit plus calme. Lui revient à l’esprit un certain Athem, le Tatar de Crimée, cet homme si courtois qu’il avait rencontré à un congrès d’apiculture à Slavianogorsk.
Ses six ruches chargées sur la remorque et celle-ci attelée à sa Tchetviorka verte, le voilà parti à l’aventure, direction l’Ouest ukrainien et la Crimée. Y trouvera-t-il la paix et le repos qu’il désire tant ?
Dès la première partie du roman en nous immergeant dans cette zone grise avec sa vie au quotidien, vie singulière que mènent des hommes piégés dans cet espace, entre les armées ukrainiennes et la rébellion séparatiste soutenue par la Russie, Andreï Kourkov nous plonge immédiatement au cœur de l’actualité.
C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé l’écriture enjouée de cet écrivain ukrainien. À travers l’histoire de cet apiculteur, de son périple à hauts risques depuis la zone grise jusqu’en Crimée, il réussit à nous faire approcher toute la complexité de ce conflit.
Comment ne pas être touché par cet homme d’apparence un peu bougon mais si attentionné envers ses abeilles et dont la naïveté et la candeur n’ont d’égal que son bon cœur, son pacifisme, sa générosité envers ceux qui l’aident et son incompréhension des brimades. Il lui faudra d’ailleurs du temps avant qu’il ne prenne véritablement conscience de la réalité du conflit.
Opposition tout au long du roman entre ce désir de vie tranquille et simple au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’Ouest ou du silence des montagnes de Crimée, en harmonie avec la nature, et cet œil de Moscou grand ouvert et omniprésent.
Si Sergueï est le personnage principal du roman, il ne peut être dissocié de ses abeilles. Elles font directement référence à une société idéale, unie et solidaire, les abeilles étant les seules à avoir créé une véritable communauté communiste.
Andreï Kourkov met également en scène dans son récit des personnages féminins forts et sensibles, libres, que ce soit Galia, l’épicière avec qui il connaîtra de doux moments de répit ou de la courageuse tatare Aysilu ou encore son ex-femme Vitalina prête à accueillir et aider la fille d’Aysilu.
Qui n’aurait pas envie après cette lecture de s’étendre sur le mince matelas garni de paille préparé et étalé par Sergueï sur ses ruches pour profiter d’une sieste bénéfique et réparatrice !
Les abeilles grises est un roman doux et mélancolique plein d’humanité. Écrit comme un conte, parsemé de traits d’humour, empli de beauté et de poésie, il montre toute l’absurdité de la guerre.
Seul petit regret, l’absence d’une carte qui m’aurait permis de mieux situer les différents lieux.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/01/andrei-kourkov-les-abeilles-grises.html
Quel plaisir de retrouver la plume d’Andreï Kourkov après avoir été séduite par son roman « Le pingouin ». Malheureusement, la guerre en Ukraine donne à cette lecture un écho douloureux.
Nous voilà conduits dans un village ukrainien de la zone grise, Mala Starogradivka. Un village entre deux camps : les séparatistes et pro-russes d’un côté et les soldats ukrainiens de l’autre.
Un village à l’abandon, sans commerce, ni électricité. Avec seulement deux habitants qui ne s’apprécient pas, pour couronner le tout : Pachka et Sergueïtch. Ce dernier a une responsabilité, une passion dans la vie : ses abeilles.
Inquiet pour leur sécurité, il décide de les emmener, au printemps, vers des zones plus verdoyantes, plus sereines loin de ce conflit aux portes de chez lui. Mais ce voyage va amener son lot de rencontres et de surprises pour l’apiculteur.
Ce roman est d’une temporalité particulière, il est très lent. Pas le lent ennuyeux mais, celui qui s’impose à vous comme un temps calme, une bulle où les choses graves ou insignifiantes se déroulent sans brouhaha.
Cela constitue une très bonne surprise que ce récit qui prend le temps. Le temps de s’interroger sur les liens que l’on tisse avec un ennemi qui devient notre seul voisin, sur un divorce, sur un poêle qu’il faut recharger ou sur le sort du corps d’un soldat pas réclamé.
Sergueïtch est un homme simple, qui souhaite simplement que ses abeilles soient heureuses. Il ne se préoccupe pas de politique mais les événements vont le conduire, malgré lui, à s’impliquer, à se confronter à ce grand frère russe qu’il pensait éviter mais qui se glisse à chaque étape du voyage.
Les abeilles grises est un très beau roman, qui interroge, qui se savoure, doux amer, entre rencontres bienveillantes et violence aveugle.
Une très belle réussite de cet auteur que je vous invite à découvrir.
Sergueïtch vit dans le Donbass, en zone grise entre Ukraine et Russie.
Tous les habitants ont quitté le village sauf lui et Dachka, son « ennemi d'enfance ».
Ils cohabitent tant bien que mal entre les bombardements de part et d'autre et les privations des toutes sortes dont l’électricité.
Au printemps, Sergueïtch va embarquer ses ruches, dont il s'occupe avec passion, et les emmener jusqu'à l'automne en Crimée afin qu'elle puissent butiner au calme.
Un voyage qui n'est pas de tout repos entre les différentes frontières.
La première partie est comme un conte doux et paisible malgré les conflits externes et les divergences internes.
Les deux personnages sont comme hors du temps.
La deuxième partie est plus active avec toutes les tracasseries et tous les drames et les tensions entre pays.
Je n'étais pas tentée par ce livre au vu des événements actuels.
Mais ce fut une lecture très dépaysante.
Et, malgré les duretés de la situation, une lecture apaisante, ou du moins une histoire apaisée en dépit des circonstances.
La poésie prend souvent les pas sur la dureté.
L'humanité dépasse la violence.
C'est un bel homme Sergueïtch, un homme candide et pur qui traverse les événements avec une grande philosophie.
Le hasard fait parfois bien les choses. Le dernier roman d'Andreï Kourkov, écrivain ukrainien russophone, est en effet arrivé à point nommé puisqu'il a été publié en France quelques jours avant l'invasion de son pays par la Russie.
C'est à Mala Starogradivka, bourgade située dans une zone grise, sorte de no man's land à la frontière de l'Ukraine et du Donbass en proie aux combats opposant les séparatistes pro-russes aux forces militaires dépêchées par le gouvernement de Kiev, que vivent Sergueïtch et Pachka.
Ennemis depuis l'enfance, les deux hommes, proches de la cinquantaine, vont rapprocher leurs deux solitudes et s'entraider. Même s'ils ne sont pas d'accord sur le conflit, ils vont taire leurs divergences et faire un bout de chemin ensemble à coups de vodka plus ou moins frelatée.
Alors que l'écho de la guerre se fait plus insistant, Sergueïtch, apiculteur de son état, décide d'emmener ses ruches en Crimée, tout récemment annexée par Poutine, là où vit un confrère, Tatar de son état. Mais, partout où il se pose, l'œil de Moscou veille et la Russie entend bien faire marcher les populations des territoires qu'elle occupe au pas de l'oie.
Cette inexorable mainmise donne lieu à des scènes où les délires bureaucratiques atteignent des sommets d'absurdité.
Alors que l'homme ordinaire et un brin naïf qu'est Sergueïtch n'aspire qu'à vivre en paix avec ses abeilles, guérisseuses des corps et des âmes, et au plus près de la nature, il est confronté au rouleau compresseur russe qui lamine les populations, qui les force à fuir leurs maisons et qui éradique toutes les velléités des minorités de perpétuer leurs traditions.
À l'instar des Tatars de Crimée, éternelles victimes en raison de leur religion musulmane.
Si cette lecture est salutaire à l'heure où la Russie occupe par la force un pays souverain favorable à un rapprochement avec l'Europe, dont il est partie intégrante, je ne partage pas l'engouement général pour le dernier roman d'Andreï Kourkov. Probablement en raison de longueurs fastidieuses, de redondances, d'un manque de rythme et d'une écriture un peu simple. À l'image de son personnage principal dont le regard étonné en dit long sur la nature du gouvernement russe de Poutine et de ses affidés.
http://papivore.net/autres-litteratures/critique-les-abeilles-grises-andrei-kourkov-liana-levi/
« Ce hameau était déjà en « République populaire de Donetsk » mais il semblait désert . Il comptait cinq ou six maisons, pas davantage. Peut-être était-ce la raison pour laquelle Svetloïé continuait à vivre comme avant la guerre, ou presque. Il n’y avait à proximité ni séparatistes ni armée ukrainienne. C’est pourquoi personne n’était parti, à quelques exceptions près. »
Dans ce hameau de quelques maisons, Pachka et Sergueï vivent à l’écart du conflit. Ils sont en « zone grise », entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses. Les combats se déroulent à distance, pas très loin cependant, les canonnades rythment les journées et les nuits. Si leurs avis divergent, ces deux-là n’ont guère le choix : ils doivent rester solidaires, et leurs désaccords animent les longues soirées.
Sergueï est apiculteur et entoure ses ruches d’une attention de père de famille aimant. Il lui arrive cependant de louer les services de ses ouvrières bourdonnantes à qui veut bénéficier de l’effet miraculeux d’une séance de sieste sur les ruches alignées.
Mais Sergueï veut offrir plus à ses compagnes mellifères. L’endroit n’est pas assez calme. Alors avec le printemps, Sergueï quitte sa maison avec son précieux convoi…
De frontières en contrôles, sur la route, Serguéï fera de nombreuses rencontres, tout à tour aidé et aidant, à la rencontre de son passé, qui resurgit là où il ne l’attend pas. Mais les abeilles seraient-elles les vecteurs involontaires d’un mal pernicieux ?
Ce roman s’est imposé comme une lecture solidaire alors que la guerre continue de décimer une population injustement attaquée. Mais cette volonté de soutenir ce peuple n’est pas juste une lecture en passant : on y découvre un auteur talentueux, qui nous conte une histoire envoutante, sans omettre le contexte politique, mais toujours en centrant le sujet sur ce que peut ressentir le peuple, représenté par le bon sens de Serguéï.
Les lecteurs sont quasi unanimes, et le roman ukrainien remporte un vif succès, bien mérité.
Traduction (Russe) Paul Lequesne
432 pages Liana Lévi 3 février 2022
L’apiculteur prend la route
Pour comprendre un pays il faut se pencher sur sa littérature. Andreï Kourkov, aujourd’hui réfugié dans l’ouest de l’Ukraine, vous en apporte une preuve éclatante avec Les Abeilles grises. Avec une plume subtile et pleine d’humanité.
Comme il le reconnaît volontiers lui-même, Andreï Kourkov n’aurait jamais imaginé en écrivant Les Abeilles grises que la guerre viendrait mettre un éclairage très particulier sur son roman. Lui qui est né à Leningrad, mais qui a grandi en Ukraine où vivait sa grand-mère, a fui Kiyv au lendemain des premières frappes de l’armée de Poutine pour trouver un refuge – très provisoire – dans l’ouest du pays où il poursuit son travail de résistance, stylo à la main. Le président du PEN Club ukrainien écrit, raconte, interpelle, traduit sans relâche.
Ironie du sort, c’est aussi dans cette région que part Sergueïtch, le personnage principal de son roman paru le mois dernier en France. Il raconte comment cet apiculteur tente de survivre dans cette zone du Donbass déchirée entre les séparatistes prorusses et les Ukrainiens devenue rapidement une sorte de désert, car presque tous les habitants ont fui, de peur d’être victime d’une balle perdue ou même d’un tir intentionnel à leur encontre. «Un coup de canon retentit quelque part au loin. Puis un autre une trentaine de secondes plus tard, mais comme provenant d’un autre côté. Quoi, ils dorment pas, ces abrutis? Ou c’est-il qu’ils ont décidé de se réchauffer? bougonna Sergueïtch, mécontent.»
Tout au long du livre c’est un réel plaisir de suivre les efforts de cet homme finalement aidé par Pachka, son ennemi. Car ce qui réchauffe le cœur et montre en creux toute l’absurdité de cette guerre, c’est la profonde humanité qui se dégage de leurs échanges. «Il le regardait et songeait que s’ils n’étaient pas restés les deux seuls habitants du village, jamais il ne lui aurait adressé de nouveau la parole. Ils auraient vécu ainsi parallèlement, chacun dans sa rue et chacun sa vie. Et jamais jusqu’à leur mort ils n’auraient eu d’autre conversation. S’il n’y avait eu la guerre.»
Non seulement, ils se parlent, mais ils vont finir par surmonter leur ressentiment et se comprendre.
La langue d’Andreï Kourkov, tout à la fois ironique mais qui ne peut se départir de la mélancolie de l’âme slave donne au quotidien de ce branquignol force et profondeur. À le suivre durant son odyssée vers l’ouest puis vers la Crimée, on ouvre avec lui les yeux sur les raisons de cette guerre – le matraquage de la propagande, la réécriture de l’histoire – on souffre avec les millions de déplacés, on partage leur souffrance. Mais on se nourrit surtout de deux mots qui pourraient sembler incongrus au vu de la situation, mais qui résonnent déjà comme une première victoire : espoir et poésie!
https://urlz.fr/iirL
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