« Nous habitions une île, vivions de la mer. Sobriété d'une vie de campagne, les journées passaient, lentes, dédoublées, aussi semblables que des jumelles habillées de la même cotonnade rêche. La luxuriance, c'était la poudre d'or rouge qui maquille les crépuscules. Marée haute, marée basse ! Même quand les humeurs fluctuaient, on n'en faisait qu'une affaire de lune. On préférait l'analyse des courants marins à celle des états d'âme. » Fatou Diome rend un très bel hommage au « grand homme » de son enfance : décrivant ses premières années sur l'île de Niodor, au Sénégal, elle ressuscite ses souvenirs de sorties en mer sur la barque de son grand-père, souvenirs enchantés de navigations qui donnèrent lieux à des échanges mémorables, et à des récits fabuleux...
Des années plus tard, l'auteur découvre grâce au célèbre roman d'Hemingway, Le vieil homme et la mer, le récit précis de ce que fut la vie de son grand-père... et découvre alors «le courage, la volonté, l'abnégation et la dignité» de cet homme qui souffrait sans n'en rien laisser paraître.
L'évocation sensible de cette relation entre une petite fille et son grand-père est aussi un éloge de la littérature, qui rend «toutes les frontières poreuses», permettant à la petite sénégalaise devenue grande de découvrir, par les mots d'un écrivain américain, les secrets de celui qu'elle croyait si bien connaître...
L'occasion de véritables « retrouvailles » avec son grand-père. Des retrouvailles sans fin, puisque, dit-elle, « quelle que soit la houle, je sais que mon grand-père ne me quittera jamais. Hemingway non plus ».
Le célèbre dessinateur Titouan Lamazou met son art et ses couleurs au service du récit tendre et délicat de Fatou Diome.
Un essai magistral qui dit l'hommage à un grand-père très cher, qui dit les mots que la littérature permet de mettre sur les émotions :"Parfois, démiurge, un auteur lève un rideau et vous dévoile tout ce que vous ignoriez en croyant connaitre un être cher." Et Hemingway a mis des mots sur l'amour, sur l'admiration de la petite fille Fatou pour son grand-père.
Une très belle écriture, rythmée, où Fatou Diome témoigne de son rapport existentiel à la littérature où beaucoup de lecteurs se retrouveront.
Un superbe poème d'amour d'une petite fille à son grand père. En filigrane la figure d'Hemingway. J'ai été bouleversée par ces mots simples mais d'une poésie poignante qui disent les souvenirs, la tendresse, les apprentissages et le chagrin. C'est beau, vraiment très beau !
Fatou Diome, avec ce livre très court, retrouve le format de texte qu'elle avait adopté pour son premier roman "La préférence Nationale", où, comme à chaque fois, elle nous parle de son pays d'origine, l'Afrique, qu'elle a quitté à 22 ans.
J'ai une tendresse toute particulière pour cette auteur, qui est de ma génération, car elle a poursuivi son cursus universitaire à Strasbourg, la ville où j'ai grandi et où je réside encore actuellement. C'est un peu comme si je suivais, de loin, au travers d'articles de presse, l'évolution de la carrière d'une de mes copines de fac, qui a particulièrement bien su se faire entendre sur la scène littéraire.
Ce qui m'a surprise dans cette quarantaine de pages que constitue ce roman-nouvelle, c'est qu'elle ait choisi de nous parler de son grand-père qui, en comparaison avec sa grand-mère, n'a pas été, a priori, une figure emblématique de son enfance ...
Et pourtant, lorsque j'ai refermé ce petit livre - petit par son format mais combien grand par le texte qu'il renferme - j'ai réalisé qu'il n'était pas nécessaire de côtoyer longtemps quelqu'un pour qu'il vous marque à jamais, surtout quand vous manier l'écriture comme sait si bien le faire Fatou Diome.
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