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Lorsqu'un pianiste polonais de soixante-douze ans, interprète renommé de Chopin, s'éprend à Barcelone d'une femme de vingt ans sa cadette, celle-ci est d'abord peu impressionnée. Il lui écrit, l'invite à voyager, lui rend visite à Majorque. Elle se laisse courtiser. En dépit de la barrière de la langue, leur surprenante relation s'épanouit, mais, semble-t-il, aux conditions dictées par Beatriz. Puis vient le temps des dissonances. Est-ce Beatriz qui contrarie leur passion en contrôlant ses émotions ? Ou Witold qui, au moyen de sa correspondance, s'acharne à donner vie à son rêve ?
Avec une délicatesse teintée d'humour, J. M. Coetzee interroge nos présupposés sur l'amour et la complexité des relations humaines. Une oeuvre envoûtante, qui réinvente la passion de Dante pour sa Béatrice et rappelle qu'une rencontre - si tardive ou improbable soit-elle - peut être bouleversante.
Quelle est l’exacte perception d’une relation entre un homme et une femme ? De quelle nature sont les obstacles, embûches diverses, degré d’avancement dans l’existence, qui contrarient durablement l’éclosion et l’accomplissement de ce type d’événement dans une vie ?
J.M. Coetzee dans ce roman « Le Polonais », tente de répondre à ces interrogations quasi-éternelles, qui marquent des œuvres littéraires articulées autour de ces thématiques familières aux lecteurs et aux critiques littéraires.
Un pianiste polonais, âgé de soixante-douze ans, interprète reconnu et renommé de Frédéric Chopin, s’éprend, du moins le croit-il, de Beatriz, organisatrice d’un concert donné à Barcelone pour le compte d’une association culturelle locale. L’auteur du récit prend quelques précautions dès le départ pour fixer le décor affectif et culturel entre ces deux personnes : il est Polonais, d’une autre génération, d’un univers ayant connu plusieurs dictatures ; elle est catalane, appartient à ce titre à l’Europe du Sud. Ces deux appartenances, même si elles ressortissent à la culture européenne, sont très éloignées, ne font pas appel à des références communes.
Dans la description des correspondances que les deux personnages, Witold et Beatriz, sont amenés à échanger, c’est la question même de l’existence possible et confirmée d’un lien qui se pose, à propos de la possibilité de leur relation : « Entre un homme et une femme, entre les deux pôles, soit il y a une étincelle, soit il n’y en a pas. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Un homme et une femme, pas seulement un homme, une femme. Sans le et, il n’y a pas de conjonction. Entre elle et le Polonais, il n’y a pas de et. »
Après une rencontre entre Witold et Beatriz, se pose naturellement la question de savoir quelle tournure va prendre cette relation, quels contenus vont-ils donner à cet événement ? : « La semaine promet d’être longue. Comment vont-ils occuper leur temps ? En excursions ? En conversations idiotes ? Combien de temps vont-ils supporter cette routine avant que l’un d’eux-des personnes polies, civilisées, normales- ne finisse par craquer. »
Coetzee réussit très bien à évoquer, à travers ces relations épistolaires et réelles de ce couple, dont la durabilité est inenvisageable, tous les prismes, préjugés, filtres, dont usent un homme et une femme pour comprendre leur relation, l’analyser, lui donner sens : « Est-elle trop dure pour lui ? Si elle ne l’aime pas, quel est le sentiment qu’elle éprouve pour lui, le sentiment qui l’a entraînée dans cette voie douteuse ? »
Ces interrogations sont éternelles, omniprésentes dans nos existences. Ce roman est donc susceptible d’intéresser un nombre considérable de lectrices et de lecteurs. À découvrir.
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