Des conseils de lecture pour toutes les envies !
«J'ai voulu écrire ce livre comme un cadeau pour ma mère, Maria Nieves, dite Nieves, qui signifie neige en espagnol. Un livre pour elle, entre vérité et fiction. Un portrait romanesque par petites touches, comme des flocons. »Neige a grandi sous la dictature franquiste, puis connu l'exil et la misère des bidonvilles de Saint-Denis. Humiliée, insoumise, elle s'est inventé en France un nouveau destin. Hommage espiègle d'Olivier Liron à sa mère, cette héroïne discrète qui lui a transmis l'amour de la vie et l'idée que les livres sont notre salut, Le livre de Neige raconte aussi, en creux, la naissance d'un écrivain.
Des conseils de lecture pour toutes les envies !
Récit émouvant , pudique , agréable à lire. <a href="/auteur/Olivier-Liron/393093" class="libelle">Olivier Liron</a> dit l'histoire de sa famille maternelle , une famille espagnole installée à Madrid qui vit la guerre civile de 1939 puis le franquisme avant d'émigrer en France dans les années 1960.C'est un hommage à sa grand-mère Carmen et à sa mère Maria Nieves dite Neige.
Paco et Carmen sont pauvres et décident de partir chercher du travail à l'étranger en confiant leur fille Nieves à sa tante Bernarda.En 1963 Nieves arrive à Paris et la famille s'installe dans les bidonvilles de la Plaine Saint-Denis, la plus grande zone industrielle d'Europe.Le quartier s'appelle la Petite Espagne.Les premiers mois en France sont redoutables pour Nieves à cause de la barrière de la langue.Puis Nieves fait une scolarité brillante, aime les livres, la nature.Elle fait sa vie faisant face aux hauts et aux bas .L'auteur glisse des bribes de sa vie d'enfant et de jeune adulte dans le récit sans faire part de ses états d'âme quand le couple parental va mal.
Le livre de Neige d’Olivier Liron m’a d’abord emmené dans cette Espagne des années 1930 qui se sont très mal terminées avec l’arrivée au pouvoir d’un dictateur fasciste, Franco.
Ce dernier n’a pas hésité à massacrer une partie de son peuple et à faire fuir beaucoup d’autres. D’ailleurs, ces derniers se sont retrouvés dans des camps sinistres après avoir passé la frontière. Notre beau pays a bien su les accueillir…
Olivier Liron me parle d’abord de la branche maternelle de sa famille qui descend de Juifs convertis de force au catholicisme, appelés marranes.
Ainsi, la guerre civile déchire l’Espagne. Luis, le mari de Bernarda, sœur de Carmen, grand-mère de l’auteur, est fait prisonnier puis fusillé.
Carmen a dix ans à la fin de la guerre civile. En 1953, elle épouse Paco contre l’avis de son père. L’année d’après, naît María Nieves, d’où ce prénom de Neige.
Son histoire est racontée par petites touches, de courts chapitres, tous avec un titre. Parfois, je les trouve un peu courts. J’aurais aimé un peu plus d’approfondissement.
Olivier Liron se base sur les souvenirs de sa grand-mère, Carmen, plus volubile que Neige, sa mère. Il fait aussi œuvre de romancier en comblant les vides.
Toute cette histoire familiale ressemble à bien d’autres mais Olivier Liron a eu le courage de s’y confronter, de me faire partager joies et nostalgie d’une Espagne enfin débarrassée de Franco, pays bien apaisé depuis, même s’il faut ne jurer de rien quand on voit l’évolution politique actuellement en Europe.
Le style d’Olivier Liron est fluide. Il tente de détailler au maximum l’histoire de sa mère dans Le livre de Neige. Ceci est une belle et complète histoire d’une famille, histoire que j’ai aimée lire, passant de l’Espagne à notre pays avec une intégration amplement réussie.
L’arrachement au pays a été difficile à vivre pour Neige comme pour Carmen et Paco, avec la honte d’être des immigrés. De plus, la guerre rattrape la famille qui vit dans ce quartier appelé la petite Espagne, à Saint-Denis. C’est l’occasion de rappeler la mémoire de Celestino Alfonso qui fut exécuté avec le groupe Manouchian.
Un peu plus tard, Neige réussit brillamment à l’école, même si elle dérange car elle vient d’ailleurs. Ainsi, pas à pas, Olivier Liron conte la progression de sa mère dans le système scolaire français.
Elle obtient enfin la nationalité française, poursuit de brillantes études, devient écologiste, séduite par René Dumont que nous aurions dû vraiment écouter car nous n’en serions par là aujourd’hui.
S’ensuit mariage, enseignement et naissance de l’auteur le 27 mars 1987. À partir de là, je suis la progression de ce garçon qui apprend même à lire à Carmen, sa grand-mère, mais je vous laisse découvrir la suite. Le récit est agrémenté de nombreuses photos qui permettent de visualiser les principales étapes de la vie de Neige.
Le Livre de Neige contient bien d’autres détails intéressants, révélateurs de toute une époque pas si lointaine et pourtant trop vite oubliée. Heureusement, il nous reste, entre autre, la littérature…
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Neige est attentive au mystère de la vie, curieuse du monde, enfant sensible, intelligente, éveillée. Elle est un électron libre, une inclassable qui vient d'ailleurs, elle dérange, elle est en décalage et ça tombe bien, elle n'a aucune envie d'être madame-Tout-le-Monde. Nous suivons son enfance en Espagne sous la dictature de Franco, le culte du chef, où les femmes sont réduites à un rôle d'esclave domestique ; son exil en France et un univers devenu opaque ; sa lente reconstruction avec les armes de l'école et des livres et la nationalité française en 1973.
Ce roman est un bel hommage qu'Olivier Liron rend à sa mère Maria Nieves dit Neige, avec tendresse, pudeur et une plume pleine de délicatesse et de fraîcheur. le portrait d'une jeune fille qui à force de courage et de volonté réussit à surmonter toutes les difficultés pour devenir une femme accomplie. Les chapitres sont très courts, le récit est divisé en deux parties. La première consacrée exclusivement au parcours de sa maman avec l'évocation de la dictature de Franco et les conditions d'accueil des réfugiés espagnols en France, la seconde où l'auteur évoque sa propre enfance, les violences qu'il a subies au collège, l'alcoolisme, la drogue, la dépression ; la littérature et l'écriture qui vont le sortir de cette spirale destructrice.
Un récit sur une femme exceptionnelle, un témoignage sur le pouvoir de l'école et de la lecture.
COUP DE COEUR
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/03/le-livre-de-neige-dolivier-liron.html
"J'ai voulu écrire ce livre comme un cadeau pour ma mère, Maria Nieves, dite Nieves, qui signifie neige en espagnol. Un livre pour elle, entre vérité et fiction. Un portrait romanesque par petites touches, comme des flocons."
Née en 1954, Maria Nieves, Marie des Neiges en espagnol, la mère de l'auteur a grandi sous la dictature franquiste où les femmes sont réduites au rôle d'esclaves domestiques, elle a fréquenté l'école franquiste où lui a été enseigné "Le Guide de la bonne épouse" dont le sous-titre est " 11 règles pour rendre ton mari heureux. Sois l'épouse dont il a toujours rêvé !".
A neuf ans elle a quitté son pays natal pour rejoindre seule ses parents Paco et Carmen partis chercher du travail en France. Son arrivée à Paris est une transplantation brutale, un arrachement. "L'exil est une blessure, une condamnation, un bannissement, une destitution, une indignité, un rejet. Maria, prénom de paria." Elle est confrontée à la barrière de la langue, à la honte de ne pas parler le français et vit avec ses parents à Saint-Denis dans les bidonvilles de la Petite Espagne où sont logés des immigrés espagnols, italiens et algériens.
C'est une petite fille singulière atteinte d'une surdité précoce après avoir frôlé la mort avec une sévère coqueluche. Dès le plus jeune âge, elle a manifesté une extraordinaire curiosité pour le monde qui l'entoure et qui a très vite compris que sa liberté passerait par le savoir et les livres. Elle deviendra une jeune fille passionnée par la littérature et les sciences puis une femme aux fortes convictions politiques, féministes et écologiques qui demandera la nationalité française à dix-neuf ans, décidée à faire sa vie en France.
Passionnée de mathématiques, elle fera de brillantes études et décidera de devenir professeur de collège dans une ZEP. Neige aime le contact avec les élèves et trouve auprès d'eux un métier dans lequel elle s'épanouira.
" Je deviens adulte : j'apprends la violence du monde.
Très vite la colère monte en moi.
Mais j'ai trouvé une meilleure parade. J'écris. J'écris pour me venger.
J'écris car l'écriture est une arme.
J'écris dans le petit cahier que ma mère m'a donné comme seul refuge et comme seul héritage.
J'écris mes poèmes. J'écris mes rêves. J'écris mes coups.
J'écris que le monde est ensanglanté. J'écris le sang dans mon chant.
J'ai dix, onze ans et je n'aime pas les prédateurs. Ceux qui abusent de leur pouvoir pour vous détruire. Je ne veux pas être une proie.
Je m'évade."
Ce récit très personnel est un magnifique cadeau que fait Olivier Liron à sa mère qu'il a libérée de la honte de ses origines et de son histoire. Il complète parfaitement son précédent roman "Einstein, le sexe et moi" avec lequel j'avais découvert cet auteur. De sa plume fluide et poétique, Olivier Liron nous brosse le portrait d'une femme à la personnalité et au parcours fort intéressants, "architecte de sa propre joie et de son propre destin", avec en arrière-plan une éblouissante Carmen dont j'aime l'humour, l'éternelle bonne humeur et le bon sens.
J'ai aimé la fraîcheur des souvenirs d'Olivier, enfant qui a toujours appelé sa mère Neige, la façon dont il raconte comment, élevé par une mère qui lui a donné le goût de lire, il en est venu à l'écriture.
J'ai été particulièrement touchée par la dernière partie du livre quand, alors qu'Olivier n'a que 10 ans, Neige sombre dans une tristesse qui le hante et le contamine. Olivier Liron aborde la dépression de sa mère et le sentiment d'abandon qu'il a alors éprouvé avec une pudeur et une sensibilité qui m'ont émue. Cette dernière partie du texte, empreinte d'une infinie tristesse, m'a énormément remuée.
Ma mère est ultragéniale
Le troisième roman d'Olivier Liron est consacré à sa mère, arrivée en France dans les années soixante, avec la vague d'immigration espagnole postfranquiste. Un livre-hommage, mais aussi une réflexion sur le sort de tous les réfugiés et migrants accueillis souvent avec méfiance, voire mépris.
C'est dans les faubourgs de Madrid que débute ce bel hommage d'Olivier Liron à sa mère. L'auteur - très remarqué de Einstein, le sexe et moi - qui retraçait son parcours jusqu'en finale de Questions pour un champion, change totalement de registre pour nous offrir ce portrait sensible et lumineux d'une femme qui entendait vivre sa vie en refusant les diktats.
Mais revenons dans le quartier madrilène de Lagazpi au début des années trente, au moment où naît Carmen, au sein d'une famille qui compte treize frères et sœurs. Quand la Guerre civile s'abat sur la ville, son père est arrêté puis exécuté, son frère sautera sur une mine. Le travail dans une usine d'aluminium puis sa rencontre avec Paco lui permettront d'atténuer sa peine. Contre l'avis de la belle-famille, ils se marient et donnent naissance à Maria Nieves durant l'hiver 1954. La jeune fille, dont le nom signifie Neige, est loin d'être une oie blanche. Dès ses premières années, elle ne s'en laisse pas conter et refuse le modèle que Franco et ses sbires veulent imposer au pays, celui de la femme soumise à son mari, responsable du ménage. Idem côté religion. Si elle suit les étapes jusqu'à sa communion, elle refuse cette image culpabilisatrice qu'on inculque depuis l’origine. "Pourquoi? S'ils ont fait des conneries, les premiers humains, on n’est pas responsables. On n’a pas à endosser!"
Une nouvelle épreuve attend cependant la jeune fille au début des années 60. Son père, puis sa mère, partent chercher du travail en France. Ils ne reviendront pas. Ce sera à Nieves d'aller les rejoindre, après avoir vécu quelques mois chez sa tia Bernarda, et découvrir ce pays froid et pluvieux. "L’exil est une blessure, une condamnation, un bannissement, une destitution, une indignité, un rejet." Mais Nieves va faire de tous les obstacles qui se dressent sur sa route une force. Sans manuels scolaires, elle va apprendre et progresser, quand elle est ostracisée, elle trouve une issue en parcourant à la bibliothèque de Saint-Denis. Sa soif d'apprendre et l'aide de Madame Blin, cette prof qui va l'encourager à poursuivre des études, la conduiront jusqu'au baccalauréat et à la nationalité française. Désormais, tous les rêves sont possibles. Le tourbillon de la vie l'emporte. De brillantes études, un mari, un pavillon construit en bordure de forêt, un engagement pour l'écologie et un fils. «Je nais le 27 mars 1987, trois jours après la convention pour la création de Disneyland Paris».
Olivier Liron a la plume sensible, mais ne se départit jamais de son sens de l'humour. Ce qui donne tout à la fois la distance nécessaire aux choses de la vie et la lecture de cette vraie-fausse biographie très agréable. Je ne vous dirai rien du «marathon d'amour» que constitue la seconde partie du livre. Aux mots d'enfants vont se succéder les années d'apprentissage de «l'être-livre, l'être libre» qui, comme sa mère, aime les bibliothèques et sait faire son miel de toutes les histoires qui s'y cachent. Et si les épreuves continuent de semer leur route, on sent que leur indéfectible lien leur servira toujours de boussole. À cœur vaillant, rien d'impossible!
https://urlz.fr/jb3N
Le livre de Neige, autrement dit Maria Nieves, est un hommage de l’auteur à sa mère. « Un livre pour elle, entre vérité et fiction ».
Maria Nieves est née en Espagne et vivra dans son enfance la guerre civile, puis l’exil, vers la France, le séjour dans les bidonvilles de la Plaine saint Denis, dans l’atmosphère enfumée des usines qui occupaient alors le site.
L’enfant est curieuse, avide de comprendre, passionnée par les sciences et aura un parcours scolaire d’autant plus remarquable qu’il faut faire doublement ses preuves lorsque les origines sociales sont toisées par les autorités qui décident. Elle aura la chance de rencontrer des enseignants assez lucides pour repérer ses capacités hors norme et encourager l’enfant hors des routes toutes tracées.
Viendront le temps des amours et du mariage, d’où naitra l’auteur de ce récit attendrissant. Ses propres souvenirs se mêleront à ce qu’il comprend des forces et des faiblesses de sa génitrice.
Outre l’intérêt historique du texte et de ce qu’il enseigne sur la guerre civile espagnole, Olivier Liron dresse un magnifique portrait d’une femme dont la clairvoyance sur la condition féminine a été très précoce.
Roman émouvant d’autant que l’on perçoit la sincérité de cet amour filial sans concession.
229 pages Gallimard 10 février 2022
Neige. Maria. Maria Nieves. Neige comme Nieves en espagnol. C'est l'histoire d'une jeune fille qui grandit sous la dictature franquiste avant d'atterrir à Saint-Denis, en plein dans la misère des bidonvilles. Une jeune femme qui se créer, se forge à coup d'humiliation, de crainte, de passion, de force, de travail, d'amour.
"Le livre de Neige", c'est aussi l'histoire d'Olivier Liron, l'histoire de sa famille, l'histoire de sa mère qu'il nous livre à travers une grande déclaration d'amour. Ce roman ne peut se résumer en quelques lignes, il se lit, il se vit, il se ressent, il nous apprend, il nous transmet et il nous touche ! Car malgré les épreuves de la vie, Neige a transmis à son fils la force, le courage, la passion des mots et l'amour de la vie.
Olivier Liron a les mots beaux et doux, ceux qui savent toucher en plein coeur. Car comment ne pas tomber en admiration devant cette femme ? Une femme brillante, intelligente, forte, où a travers les chapitres et les photographies en sortent une admiration, l'admiration d'un fils envers sa mère.
Tout est pudeur, tout est intimité, Olivier nous livre sa propre histoire, une histoire lumineuse, mélancolique, ou tout est beau ! Bref, un roman coup de coeur, sublimé par les émotions qui en dégagent, par le regard d'amour et de bienveillance sur cette mère au destin incroyable !
Entre fiction et réel, entre vérité et douceur, Olivier Liron signe un très beau et grand roman. Une très belle réussite, une mère qui doit être fier !
Quel beau cadeau a fait Olivier Liron à sa mère Maria Nieves, dite Nieves, Neige en espagnol, en lui dédiant ce magnifique roman : Le livre de Neige. C’est un tendre et bel hommage qu’il rend à celle qui a « la pudeur des sensitives » et qui lui a transmis l’amour de la vie et le transport par la littérature.
Pour esquisser ce portrait romanesque, Olivier Liron remonte d’abord aux origines, à ce Madrid des années 1930, au quartier de legazpi, au sud de la ville, où vit la petite Carmen de la Fe avec sa famille, famille bientôt confrontée, dès 1936 à la guerre d’Espagne. Quand les franquistes entrent dans Madrid, le 28 mars 1939, Carmen n’a que dix ans.
Quelques années plus tard, elle va rencontrer Paco. Amoureux ils se marient en 1953.
« À l’hiver 1954, au moment où, en France, l’abbé Pierre lance son insurrection de la bonté, une petite fille naît à Madrid. » On appelle la petite fille Maria Nieves, Marie des Neiges, peut-être parce qu’il faisait très froid à Madrid cette année-là…
Bébé, elle attrape la coqueluche et s’en sort in extrémis. Elle en gardera une légère surdité et un farouche instinct de survie ne la quittera plus, peut-être dû au fait d’avoir frôlé la mort.
À l’école franquiste du quartier où les cours sont pris en charge par l’Église, Nieves sent monter en elle un sentiment de révolte. « Est-ce à l’école franquiste que Nieves a commencé à ne plus croire en Dieu ? Est-ce parce que la religion lui donnait trop de crampes qu’elle est devenue, plus tard, une scientifique ? Est-ce cela qui l’a poussée à se tourner vers une autre religion, celle de la nature ? ».
En tout cas, elle n’a pas envie de ressembler à ces femmes soumises qu’on lui donne en modèle et elle comprend très tôt que la liberté passe par le savoir et par les livres.
Au début des années 1960 ses parents partent en France chercher du travail et Nieves restera chez sa tante Bernarda avant de les rejoindre en octobre 1963. Dans cette cohabitation en famille qui dure plus longtemps que prévu, Nieves, fille unique, se retrouve avec ses quatre cousins, intégrée à leur bande et vit les plus beaux mois de son enfance.
Elle quitte le sol natal en automne donc, vivant là un véritable arrachement.
Arrivée à Paris, elle connaît la misère des bidonvilles de la Plaine Saint-Denis, la plus grande zone industrielle d’Europe.
Nieves subit des humiliations et la honte, au début, de ne pas parler français.
Mais elle n’abandonnera jamais, gravissant tous les obstacles « Il ne faut jamais se décourager ».
Parlant de mieux en mieux le français, dès le CM2, sous l’impulsion de la nouvelle maîtresse, Madame Blin, Nieves se sent pousser des ailes et travaille comme jamais, finissant son année deuxième au classement général et reçoit le prix d’honneur.
Quelques années après être arrivée en France sans comprendre un seul mot de la langue, au bac de français elle obtiendra un 17/20 !
Elle demande en 1973, la nationalité française qui marque la fin de cette lente reconstruction.
Passionnée par les sciences, elle rencontre en classe préparatoire un garçon fort en maths lui aussi, Gabriel qui deviendra le père de l’auteur.
La deuxième partie du roman montre comment l’enfant s’est construit avec ce passé, en grandissant dans une famille heureuse. Ce sont ces souvenirs d’enfance et ces moments de tendresse qu’évoque Olivier Liron avec une grande sensibilité. Sa mère lui raconte comment l’écologie, c’est faire sa part pour sauver le monde et comment comprendre la nature peut aider à rendre heureux.
Sa maman n’évoquant jamais son passé, c’est sa grand-mère Carmen qui lui offre quelques histoires sur ses origines.
Mais Olivier ne comprend pas tout, ni les moqueries dont il fait l’objet à l’école, et encore moins la tristesse soudaine de sa mère. Triste lui aussi, il voudrait dire tant de choses à cette mère qu’il aime, et, n’y parvenant pas, les écrit dans son cahier...
Le livre de Neige, écrit entre réalité et fiction, m’a particulièrement touchée.
J’ai été éblouie par l’histoire de cette enfant qui a grandi sous la dictature franquiste, qui a connu l’exil et l’arrachement à sa terre natale, qui a dû affronter en arrivant en France la xénophobie et la misère et qui, grâce à une grande force morale, a rapidement compris qu’elle devait conquérir sa liberté et que cette liberté, c’était le savoir et les livres.
Ce n’est pas sans émotion que j’ai découvert cette vie et révisé cette période de l’histoire espagnole. J’ai été à la fois bouleversée de découvrir toutes les difficultés et les douleurs que Nieves a dû affronter et admirative sur la manière dont elle a bravé l’adversité.
Son analyse des religions : « Toutes lui apparaissent comme un système hiérarchisé, avec un règlement », et son désir : « Elle voudrait inventer sa propre religion, celle des livres. » me conviennent parfaitement.
De même, je ne peux que souscrire à son engagement pour l’écologie et le féminisme.
La plume délicate d’Olivier Liron, empreinte de douceur, de chaleur et de poésie donne une force éclatante au portrait de cette héroïne si brillante et pourtant si discrète.
L’intérêt de ce roman est aussi d’avoir inscrit cette histoire humaine dans la grande Histoire, notamment cette période de l’histoire espagnole qu’a été la dictature franquiste mais aussi, cette période de l’histoire de France dont il est peu fait mention dans les livres, à savoir celle de l’immigration. J’ai trouvé particulièrement pertinentes les questions que posent Olivier Liron : « Pourquoi, en France, les jeunes générations n’ont pas davantage accès à l’histoire de l’immigration ? Pourquoi cette histoire commune , belle et nécessaire, n’est pas inscrite dans les programmes scolaires ? Pourquoi des phénomènes aussi massifs occupent-ils si peu de place dans la mémoire collective ? Quelle amnésie nous constitue ? »
Le livre de Neige est un hommage d’Olivier Liron à sa mère empreint de délicatesse, de sincérité, de poésie, d’humour aussi où l’émotion transpire à chaque ligne et c’est aussi une ode à la vie, à la nature et à la puissance de la littérature.
À noter que plusieurs petits clichés de Nieves apportent au fil des pages une authenticité rafraîchissante.
Mais ce livre n’est-il pas aussi le récit de la naissance, de l’avènement d’un grand écrivain, à qui sa mère a su transmettre ses valeurs ?
Je remercie les éditions Gallimard pour m’avoir offert l’opportunité de découvrir la plume d’Olivier Liron en m’offrant ce magnifique livre dédicacé !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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