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Le grand mal

Couverture du livre « Le grand mal » de Jean Forton aux éditions L'eveilleur Editions
Résumé:

Dans une grande ville de province des années 50, des fillettes à peine nubiles disparaissent. Quatre adolescents, dont une fille, vont s'approcher au plus près du mystère, découvrant le monde des adultes et ses secrets.En pénétrant à leurs risques et périls dans la chambre du mystère, ils... Voir plus

Dans une grande ville de province des années 50, des fillettes à peine nubiles disparaissent. Quatre adolescents, dont une fille, vont s'approcher au plus près du mystère, découvrant le monde des adultes et ses secrets.En pénétrant à leurs risques et périls dans la chambre du mystère, ils deviennent en réalité captifs à leur tour des petits arrangements avec le quotidien, de la médiocrité qui régit les relations sociales, du vide derrière les belles façades. Cette métamorphose, le « grand mal », est un mouvement puissant auquel nul ne peut échapper et dont les enfants, à l'âge crucial, sont autant les victimes que les complices. La haine, l'impuissance, la lâcheté, la violence, les bas instincts, et la cruauté les guettent, ce grand mal qui, tôt ou tard, consiste à devenir adulte.

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Avis (1)

  • Un chef d’œuvre ressuscité !
    Les années 50, dans un lycée de Bordeaux, le hasard place deux adolescents que tout oppose sur le même banc.
    Ledru surnommé Grande-Nouille a bien conscience de sa déficience physique à côté de Frieman « une brute, un bouledogue. Petit, le cheveu terne et blond et...
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    Un chef d’œuvre ressuscité !
    Les années 50, dans un lycée de Bordeaux, le hasard place deux adolescents que tout oppose sur le même banc.
    Ledru surnommé Grande-Nouille a bien conscience de sa déficience physique à côté de Frieman « une brute, un bouledogue. Petit, le cheveu terne et blond et le nez camus. »
    Parlons-en de ce nez, c’est à cause de lui que tout éclata. Car en voyant Frieman se curait le nez avec ardeur, Ledru ne put s’empêcher de l’invectiver. S’ensuivit une course poursuite et une bagarre.
    Coup de bol, c’est Ledru qui va avoir le dessus et Frieman, bon prince va vanter l’exploit de Ledru. Ainsi débute une amitié à cet âge trouble, où tout est possible, l’adolescence.
    Frieman a « une poule », Georgette, et tout de suite cela attise la convoitise de Ledru.
    Mais en cette période la ville bruit des disparitions de petites filles. Le commissaire chargé de l’affaire est plutôt cynique et déclare « Que sont cinq petites filles auprès de nations entières qui crèvent de faim ? Les tragédies particulières ne m’intéressent pas. »
    Il y a Gustave, portraitiste de rue, miséreux mais qui va s’attirer les bonnes grâces des enfants, car il les aime les enfants, il en fait de beaux portraits qui le consolent, lui pauvre hère.
    Frieman est d’un réalisme épais, vivant l’instant présent ayant besoin de quelqu’un à admirer. Il est d’un milieu fruste et subit l’ire d’un père rustre. Ce qui fait de lui un être qui vit l’instant.
    Ledru est plus cérébral, il sait masquer, anticiper, manœuvrer il a l’assurance d’un enfant bien perçu par sa famille. Famille qu’il juge sans complaisance. Il a une sœur ainée Cécile, qu’il épie et qui va lui servir à exercer son pouvoir.
    Lorsque les deux compères se sont débarrassés de Georgette, qui ne présentait plus aucun intérêt pour eux, ils réalisèrent que leur amitié tournait en rond.
    Mais Stéphane entra dans leur vie, et les rôles s’inversèrent, Ledru ne le rêvait qu’en chef, en maître. Il faut dire que le nouveau venu avait tout pour les subjuguer, une allure, une assurance, un cynisme et surtout une petite sœur Nathalie qui devint vite un objet de convoitise pour nos deux amis.
    Chacun porte le masque social de son milieu et veut en faire sauter les verrous, en découvrir les secrets et mesquineries, qui leur permettront de s’idéaliser dans leur avenir.
    Stéphane est fascinant : « Il n’était pas dans la tradition qu’un inconnu montrât tant d’audace, mais l’insolence de Stéphane était si naturelle, si drôle qu’on lui pardonnait. On l’adoptait. »
    Jean Forton était fasciné par cette période de l’adolescence, enfant en formation physique et psychique pour devenir homme. Il décrit parfaitement les détails de cet âge et la personnalité de chaque protagoniste et comment chacun essaie de sortir du carcan familial.
    L’étude est d’une finesse et d’une intelligence qui se révèlera en totalité à la page 221, quand chacun des quatre décrira ses rêves pour l’âge adulte…
    L’atmosphère de la ville est trouble à cause des disparitions, mais cela ne fait que renforcer le trouble de cette période de l’adolescence, entre chien et loup, uniquement éclairée par un halo glauque.
    Rien n’est anodin ou ordinaire, tout fait lien. Eux-mêmes si idéalistes s’accommodent de petits arrangements avec leur conscience pour arriver à leurs fins. Le monde dans lequel ils évoluent, cache de vilaines choses derrière de belles façades et montre un individualisme symbole d’une époque.
    Gustave lui sait ce qu’est le grand mal, mais personne ne l’écoute, il est en marge alors que pourrait-il savoir. Pourtant sa définition est toujours d’actualité : « Voyez-vous dit Gustave avec une grande émotion, je ne crois pas à grand-chose, mais à cela je crois, à ce danger du grand mal qui pour nous séduire emprunte l’apparence des plus justes causes. La colère, l’indignation, le sentiment de l’injustice, autant de pièges qui nous sont tendus. Je ne suis pas un saint. Il m’arrive d’éprouver ces sentiments-là. Mais de toutes mes forces je lutte, je leur résiste. En moi je fais le vide, le silence. J’abolie ces pensées mauvaises… Le seul espoir que je m’autorise est celui d’un monde enfin paisible, qui naîtra peu à peu, de soi-même, et où chacun aura pris conscience du grand mal. »
    L’écriture de Jean Forton est d’une telle force que chaque mot vous conduit là où il veut. Il est maître dans l’art de la gradation du récit, jusqu’à un paroxysme qui laisse sans voix.
    Une autre de ses qualités, et pas des moindre, c’est qu’il n’y a aucun jugement, cela permet au lecteur non pas de s’identifier mais de vivre dans la peau des quatre comparses.
    Ce roman est d’une puissance exceptionnelle, et le qualificatif de chef d’œuvre de Jean Forton n’est pas un simple effet d’annonce.
    Si vous ne connaissez pas cet auteur, commencez par ce livre- là et lisez aussi ses autres livres qui révèlent une plume comme il en existe peu.
    Pour en savoir plus sur ce génie littéraire la postface de Catherine Rabier-Darnaudet est exceptionnelle d’érudition mais aussi de passion concernant un auteur qu’elle a contribué très largement à sortir de l’oubli. Une maison d’édition L’éveilleur lui fournit un bel écrin, il suffit de tenir ce livre entre les mains pour en apprécier le soin et l’importance qu’elle accorde à cet écrivain.
    Je vous invite à découvrir d’autres écrivains en consultant leur site.
    Je les remercie tous pour ce privilège de lecture.
    ©Chantal Lafon-Litteratum Amor 28 mars 2018.

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