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À quoi bon écrire sur un génocide, à quoi bon témoigner de l'horreur ? En effet, rien ne nous " intéresse à l'origine en chaque chose que son rapport avec nous quant au plaisir et à la douleur " (Nietzsche), et nous sommes uniquement soucieux de bonheur, de ce bonheur qui " hante la civilisation moderne " avec une " force idéologique " (Baudrillard) telle que nous ne saurions la mesurer. Et quand nous sommes intéressés par la douleur, c'est uniquement parce qu'elle renvoie à la nôtre : " l'homme ne veut pas regarder la douleur de l'autre, à moins que cela soit la sienne.
Il ne veut plus rien voir. Il ne voit plus le monde " (Depardon). Alors, oui, à quoi bon ? II s'agit simplement de témoigner de toutes les douleurs et de toutes les injustices pour tenter de les prévenir, dans notre monde si féru d'oubli. Car nous ne sommes jamais à l'abri de " l'instant de l'inhumanité " (Lévinas) : un génocide est toujours possible, n'importe où, n'importe quand (il n'est pas le fait d'un autre temps ou d'un autre lieu ; il demeure toujours à portée de circonstances).
Aussi faut-il que nous soyons constamment en éveil, à l'écoute, afin de faire respecter, partout, tout le temps, autant que nous le pouvons, les valeurs humaines les plus inaliénables.
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