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Le bûcher

Couverture du livre « Le bûcher » de Gyorgy Dragoman aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782070149995
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La Roumanie vient tout juste de se libérer de son dictateur. Les portraits du camarade général ont été brûlés dans la cour de l'internat où Emma, treize ans, arrivée après la mort tragique de ses parents, cherche encore à s'orienter. Quand une inconnue se présente comme étant sa grand-mère, elle... Voir plus

La Roumanie vient tout juste de se libérer de son dictateur. Les portraits du camarade général ont été brûlés dans la cour de l'internat où Emma, treize ans, arrivée après la mort tragique de ses parents, cherche encore à s'orienter. Quand une inconnue se présente comme étant sa grand-mère, elle n'a d'autre choix que de la suivre dans sa ville natale.
Cette femme étrange partage sa maison avec l'esprit de son mari défunt et pratique la sorcellerie. Mais Emma comprend vite qu'il y a d'autres raisons à l'accueil particulièrement malveillant que lui réservent les élèves de sa nouvelle école.
Peu à peu elle découvre les secrets de cette ville : l'histoire sombre de la persécution des juifs, qui a fait de sa grand-mère, encore enfant, une collaboratrice ; l'implication de ses grands-parents, toujours malgré eux, dans le système totalitaire ; et finalement le meurtre de dizaines de manifestants lors de la révolution récente et la disparition de leurs corps. C'est ainsi qu'elle comprend la logique derrière la vie recluse de sa grand-mère. À la fois profondément traumatisée et compromise par l'histoire douloureuse qu'a traversée son pays, elle n'a dû sa survie dans une société dominée depuis des décennies par la peur, la manipulation et la terreur qu'au pouvoir de recréer et de changer la réalité à travers la magie. Et c'est cette force-là qu'Emma tente de libérer en elle pour trouver - cette fois-ci plus activement et en marquant à son tour la réalité - sa place dans un monde de nouveau bouleversé.
Le roman a été très remarqué à l'international. Avec Le bûcher, György Dragomán, talent singulier de la littérature hongroise, emporte ses lecteurs dans l'univers poignant et magique de sa courageuse jeune héroïne, tout en la confrontant à un héritage contemporain dont les plaies ont à peine cicatrisé.

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Avis (3)

  • Je suis déçue. Je pourrais même m’arrêter là mais je suis sympa je vais détailler. Je croyais ce livre très réussi, je pensais plonger dans la voix d’une ado, maîtrisée, surtout que je venais de finir la vraie vie dans lequel j’ai vraiment apprécié la narration. Je croyais vivre ces moments...
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    Je suis déçue. Je pourrais même m’arrêter là mais je suis sympa je vais détailler. Je croyais ce livre très réussi, je pensais plonger dans la voix d’une ado, maîtrisée, surtout que je venais de finir la vraie vie dans lequel j’ai vraiment apprécié la narration. Je croyais vivre ces moments d’âpres dictature en comprenant un peu mieux ce qu’il s’était passé.

    Alors oui, on plonge dans cette Roumanie des années 90, qui nous semble à mille lieux de ce que l’on vivait nous a l’époque (Oui désolée les jeunes, Je commence à devenir vieille et à compter en dizaine d’années…). Par exemple quand l’auteur nous décrit un magasin. Un vrai, une sorte de supermarché, pas comme leurs anciennes épicerie toujours en rupture de tout. On plonge aussi dans l’adolescence, les questionnements du corps, de l’amour, de la filiation. Et ça j’ai vraiment apprécié, j’aurai pu lire ces 400 et quelques pages d’une traite.

    Malheureusement il y a le reste : l’écriture inégal, le rythme inégal, la dimension « magique », ou supersitieuse, enfin on ne sait pas trop, et surtout, cette façon de dire les choses à demi-mots. Je déteste ça. Je sais que c’est un parti pris créatif, mais alors refermer un livre sans être sûre d’avoir compris, ou avoir l’impression d’être passée à côté? J’ai l’impression d’être stupide (je ne crois pas l’être, mais bon, qui peut le mesurer hein…)

    Et comme je disais, l’écriture et le rythme inégal m’a beaucoup ennuyée. Au début du livre c’était les phrases courtes. Les poncifs inutiles. Les « j’enfile mes bas. J’enfile ma jupe. Je met mes chaussures. J’ouvre la porte. Je sors ». A croire qu’il y avait plein de pages à remplir. Mais je m’y suis fait peu à peu. En revanche, se lancer dans des chapitres, les avaler rapidement parce que très intéressant, et tout à coup, pouf, le soufflé retombe, et on se retrouve stoppé en pleine course…

    Je dirais donc que je ne le conseille pas particulièrement si vous êtes sensible au rythme. Pour tout le reste, ce livre n’est pas mauvais, et surtout il m’amène à m’interroger sur la construction de la littérature roumaine que je ne connais pas du tout.

    https://stephalivres.wordpress.com/2018/10/30/le-bucher-gyorgy-dragoman/

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  • Étrange, oui, c'est l'adjectif qui me vient quand je tente de définir ce long et lent roman de György Dragomán, grand écrivain hongrois encore peu connu en France. Oui, étrange et beau. Envoûtant même, si l'on accepte de s'y plonger, de prendre son temps, de s'habituer à cette prose toute simple...
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    Étrange, oui, c'est l'adjectif qui me vient quand je tente de définir ce long et lent roman de György Dragomán, grand écrivain hongrois encore peu connu en France. Oui, étrange et beau. Envoûtant même, si l'on accepte de s'y plonger, de prendre son temps, de s'habituer à cette prose toute simple et à cette quasi-absence d'événements, à ces mille petits gestes racontés avec beaucoup de précision et au présent.
    Les drames ont eu lieu et l'on arrive après : le camarade-général Ceaucescu (devine-t-on, car son nom n'est jamais cité) vient de mourir et l'on brûle rapidement ce qui appartient à ce temps maudit, les yeux résolument tournés vers l'avenir.
    Mais il faut se relever du communisme, panser les plaies de la dictature, se reconstruire après des années de totalitarisme, réapprendre à vivre dans un pays avide de liberté, d'ouverture. On met le feu aux portraits des généraux et l'on tente de construire du nouveau sur des cendres encore chaudes et de terribles souvenirs qui hantent encore les esprits. Il est impossible d'oublier, et le passé resurgit constamment à travers les voix des vivants, des témoins, des familles meurtries à jamais.
    Emma, jeune narratrice âgée de treize ans, vit en pension depuis que ses parents sont morts dans un accident de voiture. Un jour, une vieille femme se présente : elle dit qu'elle est sa grand-mère et souhaite que sa petite-fille reparte avec elle. Emma suivra cette inconnue, une femme étrange qui s'adonne à des rituels mystérieux et semble avoir quelques pouvoirs magiques dont elle se sert régulièrement pour mettre à mal les importuns. Qui est cette femme ? Une sorcière, une déséquilibrée ? Ou bien une grand-mère folle d'amour pour le seul être qui lui reste au monde : sa petite-fille ?
    Comment la jeune fille va-t-elle réussir à partager sa vie avec une sorcière et un grand-père fantôme ?
    Nous découvrons le monde avec les yeux d'Emma, étrangère à tout ce qu'elle voit et entend, essayant comme elle peut de comprendre qui est cette grand-mère, pourquoi elle s'est fâchée avec sa fille, la mère d'Emma, au point de ne jamais la revoir.
    La jeune fille tente de deviner ce que cette aïeule a vécu, ce qu'elle a fait pendant le régime de terreur et pourquoi son mari, le grand-père d'Emma, est mort. A-t-il été un mouchard comme certains le disent, s'est-il suicidé ? A-t-il vraiment connu les camps de travail, de rééducation, l'a-t-on obligé à balayer les rues et à oublier son métier de chirurgien ?A-t-il été tué par la police secrète comme certains le disent  ? Qui ment ? Qui dit la vérité ? Et d'ailleurs existe-t-il une vérité et si oui, qui la détient ?
    Emma tentera de comprendre, de déchiffrer ce monde opaque, terni par des années de dictature, mais sa grand-mère parle peu. Il faudra à la jeune fille beaucoup de patience pour amener cette vieille femme à se libérer d'un poids trop lourd pour elle. Il faudra à Emma beaucoup de temps, de gestes, de silences pour que se dégèlent les mots de sa grand-mère et qu'ils sortent enfin...
    Le bûcher est un roman d'initiation, d'apprentissage : Emma, en observant les gestes de sa grand-mère, va acquérir certains pouvoirs qui vont l'aider à modifier le réel s'il lui déplaît, à moins que cette magie dont elle use ne soit que le fruit de sa volonté, une volonté farouche, inébranlable, un désir puissant de vivre et de profiter de la vie.
    Folie, poésie, sensualité se taillent la part belle dans ce roman, que ce soit quand Emma regarde sa grand-mère dessiner des cercles, des spirales dans de la farine ou bien lorsqu'elle assiste à la confection d'un strudel. Souvent, le merveilleux s'introduit dans le réel : les objets semblent avoir une vie propre… En effet, une cuillère en bois peut remuer toute seule une marmite de confiture de prunes ! L'évocation d'un fait sans importance de la vie quotidienne peut soudain basculer dans la fantaisie, le fantastique, le surnaturel et déboucher sur un univers onirique et halluciné. On a parfois l'impression d'être dans un conte : chaque chapitre nous raconte un petit moment de la vie des deux femmes autour d'un motif précis. Dans ce petit village loin de tout et où l'atmosphère est extrêmement pesante, on sent que chacun s'épie, se soupçonne du pire ou, au contraire, regarde l'autre avec bienveillance et amour.
    Le bûcher est aussi et surtout l'histoire d'une renaissance : celle d'un pays, symbolisé ici par une jeune fille, Emma, qui va, grâce à sa grand-mère, grandir, mûrir, prendre de l'assurance, devenir une femme forte et volontaire, porteuse d'avenir. La façon dont l'une va éduquer l'autre (et réciproquement!), la complicité qui naîtra entre les deux femmes et l'amour qui les liera à jamais donneront à chacune d'elles une telle force qu'elles en sortiront l'une et l'autre grandies, plus libres et susceptibles d'être heureuses, enfin.
    Emma devra tout apprendre. Le pays où elle vit aussi. De tâtonnement en tâtonnement, de douleur en douleur, Emma deviendra une femme et pansera ses plaies tandis que le pays s'ouvrira sur une ère nouvelle. Il faut du temps. Chaque geste compte, chaque parole aussi. C'est précisément ce que le livre nous montre : que tout se fait dans la douleur, la peur, le doute mais aussi l'amour, la complicité et la confiance.
    Tout repousse, les cendres sont un très bon engrais, les jardiniers le savent. La grand-mère d'Emma le savait certainement, elle aussi.

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  • Dans le contexte historique très particulier de l'immédiate après révolution roumaine de 1989, une adolescente prénommée Emma raconte sa vie presque ordinaire auprès de son étrange grand-mère. Dans son village on dit que la vieille femme est folle. Elle pratique en effet de curieux rituels...
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    Dans le contexte historique très particulier de l'immédiate après révolution roumaine de 1989, une adolescente prénommée Emma raconte sa vie presque ordinaire auprès de son étrange grand-mère. Dans son village on dit que la vieille femme est folle. Elle pratique en effet de curieux rituels qu'elle enseigne avec bienveillance à sa petite fille. Toutes deux sont endeuillées et hantées par un passé (récent pour l'une et beaucoup plus ancien pour l'autre) qu'elles n'arrivent pas à balayer. Au contact l'une de l'autre, la parole va se libérer pour les aider à surmonter la douleur.
    Derrière le portrait d'Emma, se profile celui d'une société marquée par les violences d'un régime totalitaire. Les séquelles sont profondes mais la mutation est en cours. Pour la jeune fille et son aïeule, tout comme pour le pays, il est temps de se reconstruire sur les cendres du passé.

    J'ai trouvé ce roman aussi singulier que captivant. Singulier par la façon dont Emma s'exprime; simple et directe, presque plate, convenant parfaitement à son jeune âge mais qui devient riche et très précise quand son imagination l'emporte au-delà du visible. Et captivant par l'introduction de la magie, encore très vivace en Roumanie, le seul pays d'Europe à reconnaître officiellement la profession de sorcière.

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