Dans ce deuxième tome - d'une série qui en compte quatre pour le moment - Riad Sattouf se concentre sur sa première année d'école en Syrie. Son alter-égo, qui était surtout observateur dans le premier tome, devient l'acteur principal du récit même si ses parents, son père en tête ont toujours...
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Dans ce deuxième tome - d'une série qui en compte quatre pour le moment - Riad Sattouf se concentre sur sa première année d'école en Syrie. Son alter-égo, qui était surtout observateur dans le premier tome, devient l'acteur principal du récit même si ses parents, son père en tête ont toujours droit à autant d'égards. Le mode narratif est identique de même que les couleurs dominantes de l'écrin : rose pour la Syrie, bleu pour la France. L'humour perle à chaque page, sert parfois à atténuer certaines scènes dramatiques, car, Riad ayant grandi, le récit est moins naïf, parfois plus dur à l'image du sort réservé par sa famille à Leila, sa cousine, qui lui a enseigné quelques rudiments importants de dessin et pour qui, on le devine en tout cas, il avait une affection plus particulière.
Le système éducatif de la Syrie de 1984-1985 est donc le cœur de ce deuxième tome, une éducation qui se distingue par ses châtiments corporels, son allégeance au pouvoir et par la prédominance de la religion dans les enseignements. Au travers de ce microcosme social qu'est l'école, Riad Sattouf dépeint la société syrienne de l'époque, le rapport à la violence des enfants entretenu dès le plus jeune âge, la banalisation de l'antisémitisme, l'accès facile aux armes. Malgré cela, le portrait que l'auteur nous dresse de son enfance n'est pas si noir et il nuance certains souvenirs douloureux par d'autres plus agréables comme les rencontres qui l'ont marqué - sa cousine Leila -, ses premières amitiés ou l'apprentissage de la langue arabe, qu'enfant, il préfère à la langue française.
Tandis que le jeune Riad fait face au terrible apprentissage de la vie sous la dictature, son père évolue lentement dans la société syrienne, voit progressivement son sort s'améliorer grâce aux relations qu'il se crée. En arrière-plan, en revanche, on sent que la cellule familiale vacille, que la mère de Riad a de plus en plus de difficultés à accepter sa vie en Syrie malgré quelques améliorations matérielles et relationnelles. La crise est proche et on sent, au travers de l'affaire liée à la mort de Leila, qu'elle ne saurait tarder.
Bref, ce deuxième tome est largement à la hauteur du premier et se dévore plus qu'il ne se lit. Riad Sattouf maîtrise bien son sujet - il faut dire qu'il le connaît bien - et utilise avec brio les ingrédients qui ont fait le succès du précédent. Vite, la suite !