Desperate Housewives chez les juifs de Brooklyn dans les années 1970.
Elles sont quatre, elles ont la cinquantaine, elles passent leurs après-midi à jouer au mah-jong. Leur leitmotiv, c'est " Alors, on joue ou on jacasse ? ". Leurs voisines sont soit juives comme elles, soit catholiques italiennes, ou alors catholiques polonaises. Leurs enfants fréquentent tous le même lycée, où les professeurs ont des boutons, des parents à charge et beaucoup de désespoir à cuver, et les élèves des chagrins déchirants...
On ne peut pas lâcher ce récit conçu sous forme de paragraphes courts et incisifs, qui se succèdent à un rythme haletant et nous emmènent d'un personnage à l'autre...
Miriam, abandonnée par le seul homme qu'elle ait jamais aimé, a élevé sa fille, Valentine, en construisant pour elle de beaux projets d'avenir. L'adolescente, d'une beauté à couper le souffle (elle ressemble comme deux gouttes d'eau aux images de la Vierge Marie sans que personne ne s'en rende compte), les déjouera tous. Elle a le béguin pour son professeur de géométrie (lui-même convoité par une autre professeur), et s'offre à lui... Impressionné, celui-ci ne parvient pas à lui faire l'amour. Tombée miraculeusement enceinte après ce fiasco, Valentine sera renvoyée du lycée à seize ans, avant de fuguer... Finalement, rares seront les élus, capables de rebondir. Grâce à l'amour, la seule force vive, capable de nourrir les âmes en peine qui peuplent la terre.
Un roman sur la solitude du destin, écrit avec une économie de moyens qui touche à la maestria, et une causticité yiddish où alternent le rire et le désespoir.
L'amour et l'inévitable déception qui le suit, les amitiés impossibles, les rêves et les espoirs comme autant de pièges qui se retournent contre vous. La question, quasi philosophique, que pose l'auteur, est la suivante : combien de déceptions peut-on encaisser avant de baisser les bras ? Le ton est celui de l'humour, de l'infinie délicatesse, ce qui n'exclut pas une cruauté acerbe dans la peinture des personnages. Un roman qui flirte élégamment avec l'idée de miracle, de rédemption, de foi...
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