Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
La peinture effarée n'est pas d'abord celle qui peint l'effarement, mais celle dont la touche atteste l'ébranlement révélateur, sachant qu'il tourne court pour poindre dans un autre coup de brosse.
Elle rend ainsi coup pour coup. Elle touche autant qu'elle est touchée. Il est tentant de dramatiser et d'imaginer une sorte de contrepoint entre stigmates du sort et coups de brosse. C'est une facilité, qui emporte un peu de vérité, mais suscite un pathos malvenu. Car il ne s'agit pas de rétablir le sujet après l'avoir humilié. L'art de Rembrandt est scandé, ponctué par ses autoportraits. Ils portent à incandescence la brûlure du regard, à ce point de fusion où la réalité et l'image ne se distinguent plus, où personne ne sait qui regarde qui et quoi, car il ne reste plus, après décantation, qu'un regard définitivement domicilié et (ré)concilié en peinture.
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