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Le livre de Nadèjda Garrel est un fascinant enchaînement de cauchemars. La «scène primitive» demeure en filigrane de toutes les pages, comme un reflet brouillé, dans une eau noire, au crépuscule. Une enfant assiste, terrorisée, à l'arrestation par l'ennemi d'un adulte - son père. C'est ce qui se répercute en échos, en ricochets de souffrance, en longues harmoniques, dans La peau du ciel, sur fond de bombardements, de pas bottés et cadencés, d'arrestations, fuites - épisodes oniriques et angoissés-angoissants, où la réalité brutale et le rêve noir se confondent. Nadèjda Garrel restitue l'atmosphère trouble et menaçante de la guerre, la lumière glauque de l'Occupation, à travers les yeux de cette enfant qu'elle a su ne pas laisser en chemin. Les rats et l'enfant noyé, les fleurs qu'on entend pousser la nuit et l'étrangleur spectral, les rafles et l'étoile jaune marqueront à jamais la fillette, mais les enfants restent des enfants qui, dans les interstices de l'horreur, se reprennent à rêver, sourire, jouer.
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