Le portrait entre ombres et lumière d'une femme forte, dans le passionnant tourbillon des événements de la Régence.
France, été 1720. La belle Marie-Madeleine de Sabran n'est plus la favorite du Régent, Philippe d'Orléans. Courtisane rebelle, elle est menacée par ses rivales et mise en cause dans la banqueroute qui saigne le royaume. Aussi se voit-elle contrainte d'accepter la mission que lui impose son amant : si elle souhaite regagner ses faveurs et sa place au Palais-Royal, il lui faudra rejoindre le cortège nuptial de Charlotte d'Orléans, sa fille, sur les routes de Provence et la convaincre d'épouser le duc de Modène à qui il l'a promise.
Mais ce voyage ne s'annonce pas une promenade de santé pour la marquise de Sabran, alors que l'ombre d'un vaisseau revenu d'Orient s'avance dans le port ensoleillé de Marseille. Molestée par Cartouche et sa bande, acculée par la peste qui ronge les terres provençales, Madeleine trouve refuge sur l'île des Embiez, fief rustique d'un ténébreux cousin de son mari. Loin du luxe et des intrigues de la Cour, " la marquise des Embiez " saura-t-elle reprendre son destin en main sur cette île cernée par la mort ?
Quelles sont les lectures recommandées par ces inlassables chercheurs de pépites ?
Il y a belle lurette que je n’avais pas lu de roman historique. Mais je dois avouer que ma plongée dans l’histoire de "La Marquise des Embiez" d’Alexandre Laval fut un plaisir inouï. Ce roman m’a totalement emportée, amusée, intéressée, passionnée.
Nous sommes en 1720, c’est l’été. Hélas pour elle, Marie- Madeleine de Sabran, pourtant toujours belle, n’a plus les faveurs de Philippe d’Orléans. Plus ou moins suspectée d’être à l’origine de la banqueroute qui sévit dans le royaume, ses rivales s’en donnent à cœur joie pour accentuer sa disgrâce. Elle est finalement contrainte d’accepter une mission exigée par son amant pour retrouver sa place au Palais-Royal. Hélas, celle-ci se transforme très vite en un chemin jonché de ronces, de mauvaises rencontres et de bien d’autres aléas.
L’écriture m’a éblouie. D’une élégance délicieusement surannée aux accents précieux, elle décrit à merveille paysages "Les premières vignes provençales dansent un menuet coloré avec les champs de lavande d’un violet intense, déroulant un tapis d’honneur au carrosse qui laisse une traîne de poussière ocre sur les sentiers des forêts de cèdres." et personnages "Chaque muscle de son corps en sueur brille d’une teinte chaude et mate, telle une terre cuite polie de dieu grec." Elle parvient même à faire de remarques intimes manquant de romantisme de véritables moments de poésie… "Même si mon fils fréquente les femmes aussi assidûment que sa chaise percée, c’est sur moi qu’il se repose lorsqu’il est indisposé." Et je pourrais ainsi citer mille passages…Sans oublier, naturellement, le superbe portrait que l’auteur dresse de Madelaine, véritable femme libre, amoureuse, pleine de vie.
Le volet historique est parfaitement traité qui n’hésite pas à faire revivre la peste qui sévit du côté de Marseille pendant deux années et fit des milliers de morts. Il met en scène des figures fameuses de l’époque tel Cartouche, brigand de grands chemins puis chef de bande, mis à mal par Agate, la suivante de Madeleine, fine bretteuse. Alexandre Laval s’y entend aussi pour petit à petit y ajouter l’aventure, le récit devenant au fil des pages romanesque à souhait.
"La Marquise des Embiez" est un roman magnifique qui mêle Histoire, aventure, amour, us et coutumes au temps de la Régence et fins portraits de ceux qui y vivaient. Une réussite en tous points.
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