Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Parce qu'elle parlait en femme et excellait à transcrire le verbe pur et transparent de l'enfance, Marceline Desbordes-Valmore a laissé le souvenir d'une poétesse sentimentaliste, puérile et plutôt plaintive. Or, si l'on relit plus attentivement son oeuvre poétique, il n'échappera à personne que sa poésie est tout d'abord militante et directe; elle frappe sans détour au coeur des drames qui compromettent l'amour, elle affronte les vicissitudes qui entachent la liberté à laquelle chaque être humain a légitimement droit.
Amour de l'humanité qui transparaît dans un vocabulaire dont la grande simplicité (celle qui fait la marque des vrais poètes) a pu tromper quelques lecteurs inattentifs; liberté qui s'affirme au moyen d'une prosodie novatrice et débarrassée du carcan de l'alexandrin$: tout l'arsenal des sentiments humains, joie, tristesse, tendresse ou désespoir, résonnent et s'interpellent au moyen de subtiles alternances de rythmes et de métriques au savant désordre et vont faire de cette langue aux nobles accents «un chant inimitable», comme le disait Francis Ambrière, son biographe ; une poésie puissante et structurée qu'admiraient Verlaine et Vigny. Puis Aragon se joignit à eux et Julien Clerc a chanté Les Séparés.
Elle est de notre temps.
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