"Méfiez-vous ! Les mots ne sont pas ce que l'on croit : de petits animaux doux et dociles, auxquels ils n'arrivent jamais rien. Les mots aiment l'amour. Mais aussi la bataille. Ils se trouvent ainsi mêlés à toutes sortes d'aventures, sentimentales et dangereuses."
Et ils vont en vivre, des...
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"Méfiez-vous ! Les mots ne sont pas ce que l'on croit : de petits animaux doux et dociles, auxquels ils n'arrivent jamais rien. Les mots aiment l'amour. Mais aussi la bataille. Ils se trouvent ainsi mêlés à toutes sortes d'aventures, sentimentales et dangereuses."
Et ils vont en vivre, des aventures, dans le nouveau conte d'Erik Orsenna ! Comme dans chacun de ses ouvrages, l'écrivain enchanteur raconte pour expliquer. Et après nous avoir entretenu de la grammaire, des accents, du subjonctif, de la ponctuation, il aborde la question de l'origine des mots. D'où viennent-ils ? Comment les fabrique-t-on ?
Pour cette ultime escale du voyage en langue française, nous retrouvons Jeanne, l'héroïne de "La Grammaire est une chanson douce". Elle nous révèle une histoire, celle qu'elle a vécue lorsqu'elle avait dix ans et quelques mois et qu'elle avait tenue secrète jusqu'alors... Une histoire qui avait bien mal commencé, avec un décret de Nécrole le dictateur de l'île, "chez (qui) la malfaisance et le grotesque se faisaient la courte échelle pour atteindre des sommets". Cet individu nuisible avait décidé, pour empêcher tout bavardage jugé inutile, intempestif et improductif, de limiter le nombre de mots à douze. Douze petits verbes seulement pour s'exprimer : "naître, manger, boire, pisser, déféquer, dormir, divorcer, se marier, travailler, vieillir, mourir, acclamer". Passée la stupeur première devant tant d'absurdité, et le choc après l'incendie de la bibliothèque de dictionnaires du Capitan, vient le temps de la révolte. Les autres mots, évincés, pourchassés, voire expulsés, se rebiffent. Et toute la classe de Mlle Laurencin, Jeanne en tête, se lance aussi dans la rébellion et la résistance. C'est l'occasion pour l'institutrice de faire connaître à ses élèves l'étymologie, de revenir aux racines grecques et latines de notre langue, mais aussi de prendre conscience de toutes les influences étrangères qui l'ont enrichi. En passant un dimanche à la Fabrique des mots installée - ce n'est pas un hasard - dans l'ancienne mine d'or, ils découvrent combien les mots sont un trésor précieux, une richesse sans cesse renouvelé et complétée.
"Quand tu inventes un mot, tu éclaires ce qui était dans le noir. Tu précises ce qui était confus. Tu sépares ce qui était mélangé. Tu fais naître quelque chose qui n'existait pas."
Par l'intermédiaire d'un joli conte plein de fantaisie et d'humour, poétiquement illustré par Camille Chevrillon, c'est sur le chemin d'une réflexion essentielle et philosophique sur le langage que nous mène Erik Orsenna. Le ton est léger et profond, drôle et grave, naïf et érudit, au service d'un propos qui oscille toujours entre magie et sagesse...
"Et si les mots, à leur tour, nous inventaient ?"
j'ai lu les 3 autres d'orsenna sur le sujet de la grammaire, , le subjonctif, les accents. C'est u vrai bonheur chaque fois, il me tarde de découvrir celui-ci.