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Kannjawou

Couverture du livre « Kannjawou » de Lyonel Trouillot aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782330109394
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

Entre le "Kannjawou", un bar où nantis et représentants des forces d'occupation d'Haïti vont faire la fête, et la rue de l'Enterrement, où quelques jeunes gens déshérités se cherchent un destin, Lyonel Trouillot brosse le portrait d'une humanité en proie à ses illusions ou à ses renoncements... Voir plus

Entre le "Kannjawou", un bar où nantis et représentants des forces d'occupation d'Haïti vont faire la fête, et la rue de l'Enterrement, où quelques jeunes gens déshérités se cherchent un destin, Lyonel Trouillot brosse le portrait d'une humanité en proie à ses illusions ou à ses renoncements face à la confiscation séculaire du devenir d'une population haïtienne et de sa culture par le pragmatisme des stratégies internationales.

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Avis (5)

  • Au Kannnjawou, un bar dont le nom signifie fête et partage, la population expatriée de Port-au-Prince fait la fête sous le regard désabusé des habitants pauvres du quartier. Parmi eux un club des 5 désenchanté composé du narrateur et de 4 amis d'enfance oscille entre l'espoir de vivre un jour...
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    Au Kannnjawou, un bar dont le nom signifie fête et partage, la population expatriée de Port-au-Prince fait la fête sous le regard désabusé des habitants pauvres du quartier. Parmi eux un club des 5 désenchanté composé du narrateur et de 4 amis d'enfance oscille entre l'espoir de vivre un jour dans un pays libre et allant de l'avant et un constat amer : Haïti subit depuis des dizaines d'années l'ingérence de puissances militaires ou humanitaires qui laisse peu d'options aux habitants.
    Pendant ce temps le petit peuple de Port-au-Prince souffre, vivote et meurt dans l'anonymat et l'indifférence.
    Une lecture intéressante mais pleine de mélancolie et d'amertume…

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  • Le vocable « Kannjawou » signifie, dans la culture populaire d’Haïti , le partage, la fête, à l’occasion de réjouissances .

    Dans le roman de Lyonel Trouillot intitulé ainsi, ce dernier met en scène cinq jeunes gens, qui à la veille de leur entrée dans l’âge adulte, osent encore rêver de leurs...
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    Le vocable « Kannjawou » signifie, dans la culture populaire d’Haïti , le partage, la fête, à l’occasion de réjouissances .

    Dans le roman de Lyonel Trouillot intitulé ainsi, ce dernier met en scène cinq jeunes gens, qui à la veille de leur entrée dans l’âge adulte, osent encore rêver de leurs avenirs :ils se nomment Sophonie, jeune serveuse au Kannjawou, non d’un bar du quartier de l’Enterrement à Port-au-Prince ,Wodné, Joëlle, Popol .Leur soutien quotidien, c’est man Jeanne, mère de substitution un brin protectrice, qui tente de sauvegarder des règles d'humanité et prodigue des conseils à ces cinq adolescents, peut-être déjà en danger de perdition .Un autre personnage, le « petit professeur », tente grâce a sa vaste bibliothèque de leur inculquer des bribes de connaissances, de l’éducation .

    Mais comment cela est-il réalisable dans ce pays, Haïti, dont l’auteur nous rappelle, très opportunément, qu’il a été occupé une première fois par les Américains, de 1915 à 1934, et qu’il est occupé une seconde fois par les ONG, les organisations non gouvernementales, depuis le récent tremblement de terre de 2010 .Ce que met en relief Lyonel Trouillot, c’est le décalage entre les bonne intentions de ces occupants, et la réalité haïtienne : « On entend même dix ans trop tard des voix qui dénoncent l’occupant .Tout le monde parle.(…) ça s’appelle la démocratie. Tu mens et tout le monde t’écoute. Tu dis la vérité et plus personne n’écoute. Et on te répond par la voix très douce d’une jolie porte-parole au teint hâlé que c’est bien que tu t’exprimes. Mais les fusils restent. Et les chars Et le malheur. » Pourtant, ces adolescents tentent à maintes occasions, de barrer la route au malheur et à la fatalité :ils s’entraident, tentent de créer un centre pour gamins, une source éducative pour enfants en mal de repères , souvent dénués de parents ou d’attaches affective solides .Le constat est terrible :l’un des membres de la bande des cinq se résigne à l’échec, à l’impossibilité de s’en sortir vraiment : « Les quatre autres, nous devenons au fil des jours, sans trop vouloir le reconnaître, les plus riches parmi les pauvres, ou les pauvres les mieux lotis .Il leur manque les mots, les connexions. Ou, s’ils bougent, c’est sur un bateau dont ils ignorent la vraie destination. »
    Prégnance du malheur, victoire de ce dernier ? En tout état de cause, Lyonel Trouillot pour sa part donne une réponse par la bouche de l’un des ses personnages : « Et notre absence ne changera rien au vaste cours des choses. Le tout est de meubler ce presque cherchant la juste mesure .Aujourd’hui, pour meubler ce rien je ne pardonne pas au malheur. »

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  • La vie d'une bande d'amis et d'autres personnages, à Haïti, alors que ce pays est sous le contrôle d'ONG et de forces de l'ONU et que les amitiés subissent les soubresauts de la vie.
    C'est la première fois que je lis un livre de Lyonel Trouillot. Je n'ai pas été déçu, loin de là. On y découvre...
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    La vie d'une bande d'amis et d'autres personnages, à Haïti, alors que ce pays est sous le contrôle d'ONG et de forces de l'ONU et que les amitiés subissent les soubresauts de la vie.
    C'est la première fois que je lis un livre de Lyonel Trouillot. Je n'ai pas été déçu, loin de là. On y découvre Haïti du point de vue haïtien ce qui nous fait prendre beaucoup de recul par rapport à tout ce que l'occident a organisé pour ce qui nous a été présenté comme un sauvetage de ce pays. Lyonel Trouillot ne semble pas partager ce point de vue et nous présente son pays comme un pays occupé où les représentants des ONG ne voit Haïti que comme un pays qui va leur permettre de développer leurs carrières et de faire, de temps en temps, la fête au Kannjawou, un bar de la capitale.
    On y voit aussi les difficultés de l'amitié au sein du bande de cinq amis autour desquels gravitent Man Jeanne (mais n'est-ce pas cette bande qui gravite autour de Man Jeanne?) et le petit professeur. Une bande de cinq amis au sein desquels chacun a sa vie, ses projets, ses avis parfois divergents et contradictoires.
    Et enfin j'y ai vu des hommes et des femmes qui, a leur niveau, vivent, essaient de s'en sortir et essaient d'aider les autres à s'en sortir.
    C'est très bien écrit avec un discours emprunt d'une certaines tristesse voire d'une nostalgie de la part d'un narrateur qui regarde ses amis tenter de tracer leur voie.
    J'ai vraiment aimé ce livre et surtout découvert cet auteur. A lire!!

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  • Entre le reste du monde et le cimetière de Port-au-Prince, il y a le trottoir de 'man Jeanne' où se rencontrent les écorchés de pays, les laissés-pour-compte, ceux dont les rêves ne risquent pas de se réaliser. Les "presque" révolutionnaires, les étudiants à perpétuité, les pilleurs de tombe...
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    Entre le reste du monde et le cimetière de Port-au-Prince, il y a le trottoir de 'man Jeanne' où se rencontrent les écorchés de pays, les laissés-pour-compte, ceux dont les rêves ne risquent pas de se réaliser. Les "presque" révolutionnaires, les étudiants à perpétuité, les pilleurs de tombe (parlez-leur de zombies pour voir !), les gamins affamés et quelques vieux désenchantés échangent idées et désillusions, parlent amour et littérature dans un monde qu'ils ne comprennent plus.
    J'ai aimé la prose de Lyonel Trouillot, j'ai aimé cette drôle d'histoire de fête qui n'existera jamais autour d'un bar fréquenté surtout par les bénévoles des ONG mais je n'y ai pas trouvé de grand souffle romanesque et je me suis presque ennuyée par moments tant il m'a semblé que manquait toute la violence d'Haïti, sa folie caribéenne.
    Man (maman) Jeanne aurait mérité un roman pour elle toute seule, avec son pissat de chat et ses proverbes, avec sans doute une sorte de folklore attendu (pas de vaudou à l'horizon ?). Le narrateur a éveillé ma curiosité avec ses carnets intimes mais il m'a semblé qu'il restait trop détaché de l'histoire, simple spectateur...
    C'est toutefois un roman agréable à lire et qui m'a donné envie de découvrir d'autres romans de Lyonel Trouillot.

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  • http://alombredunoyer.com/2016/01/22/kannjawou-lyonel-trouillot/

    "Le "Kannjawou". C'est un beau nom qui veut dire une grosse fête. Mais la rue de l'Enterrement n'y est pas invitée. Les fêtes des riches sont payantes. Que les pauvres s'en approchent, il suffit de monter les prix pour les...
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    http://alombredunoyer.com/2016/01/22/kannjawou-lyonel-trouillot/

    "Le "Kannjawou". C'est un beau nom qui veut dire une grosse fête. Mais la rue de l'Enterrement n'y est pas invitée. Les fêtes des riches sont payantes. Que les pauvres s'en approchent, il suffit de monter les prix pour les décourager."

    Kannjawou en créole signifie donc grosse fête, partage. C'est dans le récit le nom d'un bar-restaurant que fréquentent des Blancs, autrement dit les expatriés, les riches. C'est exactement tout l'inverse des personnages principaux de l'intrigue. Deux sœurs, Joëlle et Sophonie, Popol, Wodné et le narrateur, dit le scribe vivent eux rue de l'Enterrement au bout de laquelle se trouve le cimetière, là où il y a autant de vivants que de morts, un des quartiers pauvres de Haiti. Seule Sophonie, la plus âgée de la fratrie, a le droit d'entrer au Kannjawou en qualité de serveuse.

    "Aujourd'hui, je végète sur mon bord de trottoir en jouant au philosophe. Mais demain, qui serai-je ? Et comment , comme tout le monde, habiterai-je en même temps la vérité et le mensonge, la force et la lâcheté? Quel soi-même on finit par être au bout de quel parcours ?"

    Le narrateur, le plus jeune du clan des 5, nous explique au travers de courtes chroniques la vie de chacun, leurs évolutions, les souffrances et autres difficultés de la vie. On y découvre man Jeanne, sage féminin, doyenne et philosophe, la mémoire du quartier et son pissat de chat tombant du haut de son balcon ; le petit professeur, fils de notaire, avec ses livres, son écoute, son hospitalité, son béguin pour Joëlle et qui préférera mourir chez lui au milieu du bucher de ses livres. Les messages sont forts et marquants.

    "Dans son enfance, il lisait pour tromper l'ennui. Moi, souvent pour tromper la faim. La vérité est que, fils de rien ou fils de notaire, on a besoin de beaucoup de phrases et de personnages pour constituer dans sa tête une sorte de territoire rempli de caches et de refuges. N'en déplaise à Wodné qui déteste que les gens bougent, nos têtes sont pleines de voyages."

    Les récits des journaux du narrateur, courte œuvre pour ne pas oublier, pour transmettre et informer, sont divisés en deux parties.

    La première sert à présenter les personnages et le triste contexte.

    "Chaque homme ayant rêvé rédige le temps du rêve son journal d'un fou. J'arrête ici le mien. Au moment où je décide de fermer mon carnet, dans la rue les enfants crient."

    "J'ai vingt-quatre ans et je suis vieux. je ne ris plus autant qu'avant. Nous de l'ancienne bande des cinq, rions très peu. Que sommes-nous ? Zombies ou voleurs de cercueils ? Promesse ou échec? C'est bien d'avoir peur. N'est-ce pas Joëlle? Sur mon bord de trottoir, au pied du balcon de man Jeanne, je regarde la nuit tomber, triste, sale, sur la rue de l'Enterrement"

    La seconde est encore plus mélancolique avec les départs, les décès, les suicides...

    "Mais parfois ceux qui survivent n'ont pas les moyens de se souvenir. Survivre peut-être un travail à plein temps qui consomme toute leur énergie. Quand tu ne sais comment tu vas finir le jour, il n'y a pas dans ta vie ni hier, ni demain, ni rêve, ni mémoire. Ce peut-être pour cela qu'il y a moins de monde dans les cortèges. Occupés à ne pas mourir, les vivants n'ont plus le temps d'accompagner les morts."

    On est aussi bouleversé qu'enchanté par ce que l'on lit. Mêlant chants, pleurs, cris, horreurs et appels à l'aide, l'écriture de Lyonel Trouillot est somptueuse. Les rimes sont nombreuses. Douceur, poésie, beauté mais surtout grande fluidité sont les mots qui viennent à l'esprit lorsqu'on tourne les pages. Ils mélangent de longues phrases, envoutantes et chantantes, avec des coups de poignards acerbes symbolisant la rudesse, la dureté et la violence de l'Occupation du pays. Cette sécheresse du style apparait dans de nombreux chapitres. Elle témoigne merveilleusement de la difficulté et de l'absence d'espoir, parfois même du désespoir, mais aussi du besoin de rêver et d'espérer...Elle souligne enfin la violence (alcool, prostitution, abandon de soi), mélancolie et la tristesse des personnages au moment de la fin de leur petit groupe. On ne peut qu'adhérer à cette magnifique syntaxe.

    "Tu dis toi même que qui meurt en une saison triste emporte dans sa tombe une tristesse éternelle qui se mêle à la terre, la salit, la dé fait et rend son coeur stérile"

    Les chapitres sont en majorité courts et se lisent très rapidement. J'ai pour ma part fait durer pour savourer un maximum (4h de lecture environ pour 200 pages). J'étais présent dans la rue de l'Enterrement au milieu des protagonistes.

    "Tu sais comment on devient militant? Faut commencer par être humain. Et un humain, ça parle des autres en s'excusant."

    Au final, c'est une belle et poétique déclaration, sorte de dissertation philosophique, que je ne peux que conseiller sur Haïti, pays sans vie sous l'Occupation. Chapeau M. Trouillot!

    "Un pays occupé est une terre sans vie"

    4,5/5

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