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La réapparition des films de Debord, après 20 ans d'absence, relève d'une duplicité certaine : la machine récupératrice va sen emparer, faisant des films un objet de fétiche pour contemplateurs béats et "branchés" ; pire, elle en fera des oeuvres d'art, des objets culturels, quelques avatars de l'inoffensif cinéma expérimental.
Hors des contextes et des objectifs d'action directe comment réagir à l'une des phrases-clés du Film Hurlements en faveur de Sade : " Le cinéma est mort. " ? Comment comprendre l'affirmation dans Guy Debord son art et son temps : " Et maintenant, je me propose d'être anti-télévisuel dans la forme comme j'ai pu l'être dans le contenu " ? Les alliés du spectacle édulcoreront le contenu politique des films, feindront de ne pas les comprendre ; mieux : ils classeront les idées dans les musées mortifères de leur histoire, dans les tiroirs poussiéreux de l'académisme.
Non, l'art n'est plus aujourd'hui que l'ennemi de la conscience ; la culture n'est plus qu'un simulacre qui sert à légitimer le prix de la marchandise, et l'histoire politique est aux mains de désinformateurs patentés. Mais pourquoi retarder l'échéance ? Debord connaissait déjà ces mécanismes ; renversant Hegel qui écrivait que le faux était un moment du vrai, il savait que le vrai n'est plus qu'un moment du faux.
Le spectateur d'aujourd'hui, dont on a rempli la courte mémoire de lambeaux épars et décomposés d'une illusoire conscience historique, dont on a programmé la liberté, aliéné le corps, pardonné tous les péchés, n'est pas seulement entouré par le faux, il en est lui-même un produit, et il le sait. Nous parlions de duplicité, l'autre versant en est ce moment du vrai sur nos écrans ; tout comme l'histoire de la révolution espagnole ou celle des conseils ouvriers de Hongrie demeurent les terrains de luttes où les positions des uns et des autres se dévoilent, la ressortie des films de Debord pourra tout au moins servir à ceci : faire parader leurs ennemis.
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