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Humus

Couverture du livre « Humus » de Gaspard Koenig aux éditions L'observatoire
Résumé:

Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l'uniforme du parfait transfuge sur la scène du... Voir plus

Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l'uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale. Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve.
Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, Gaspard Koenig raconte les paradoxes de notre temps - mobilité sociale et mépris de classe, promesse de progrès et insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque... Une histoire de terre et d'hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste.

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Avis (33)

  • 'Humus' est un roman dont le sujet est très original. Il est question ici de vers de terre. Les deux personnages principaux Kevin et Arthur tentent d'appliquer de nouvelles méthodes qui selon eux va « révolutionner » le monde agricole. Mais nos deux étudiants ont des caractères et des idées...
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    'Humus' est un roman dont le sujet est très original. Il est question ici de vers de terre. Les deux personnages principaux Kevin et Arthur tentent d'appliquer de nouvelles méthodes qui selon eux va « révolutionner » le monde agricole. Mais nos deux étudiants ont des caractères et des idées différentes. Chacun va procéder à sa façon et suivre un chemin différent.

    Un roman audacieux, quelque peu déroutant, qui invite le lecteur à s'interroger sur le devenir de notre monde rural et agricole. Quelles solutions nouvelles apportées dans ce domaine afin de préserver nos ressources et la planète ?

    La fin du livre est surprenante mais je ne vous en dis pas plus.

    Gaspard Koenig a reçu trois prix littéraires pour ce roman : le prix Transfuge du meilleur roman français 2023 (ex-æquo avec A. Dreyfus), le prix Jean Giono et le prix Interallié.

    Lu dans le cadre du Prix Landerneau des lecteurs 2023

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  • «Sans vers de terre, plus de terre»

    Gaspard Koenig, au meilleur de sa forme, nous offre une satire des milieux économiques et écologiques en imaginant deux ingénieurs agronomes désireux de sauver la planète. Mais Arthur et Kevin vont avoir bien de la peine à réussir dans une France...
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    «Sans vers de terre, plus de terre»

    Gaspard Koenig, au meilleur de sa forme, nous offre une satire des milieux économiques et écologiques en imaginant deux ingénieurs agronomes désireux de sauver la planète. Mais Arthur et Kevin vont avoir bien de la peine à réussir dans une France éco-anxieuse. La terre n’a pas fini de souffrir.

    Marcel Combe a trouvé en Arthur et Kevin deux étudiants passionnés par son cours sur le ver de terre, qu’il trouve plus précis d’appeler lombricus terrestris. Cet inépuisable retourneur de terre pourrait bien être le sauveur de l’humanité. Comme leur professeur, ils sont persuadés que «le productivisme agro-industriel avait ruiné la fertilité naturelle ; et l’humanité était parvenue à détruire en quelques décennies le subtil équilibre obtenu par des millions d’années d’évolution biologique.» Ce que le scientifique résumait de cette formule: «Sans vers de terre, plus de terre.»
    Impressionnés par leur nouveau savoir, les deux garçons vont se lier d’amitié et décider de leur consacrer toute leur vie. Mais pas du tout de la même manière. Après leurs années d’études à AgroTech Paris-Saclay et à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, l’INRAE, les deux ingénieurs agronomes vont voir leurs chemins se séparer, même si tous deux croient en la terre pour sauver la planète.
    Arthur, le fils d’avocat parisien, choisit de partir avec Anne s’installer dans le bocage normand. Il avait rencontré cette «brune au corps débordant, avec une bouille ronde et jolie qu’elle s’efforçait maladroitement de profaner (..) prête à tout pour s’encanailler et qui professait l’anticapitalisme» lorsqu’elle était étudiait à Sciences-Po. Avec son écolo-rebelle, il va faire la dure expérience du passage de la théorie à la pratique dans des sols brûlés par des années d’épandage de pesticides en tous genres. Car les néo-ruraux sont déterminés à mettre en œuvre une agriculture raisonnée, avec des techniques qui n’appauvrissent pas la terre et, bien sûr, sans chimie. En s’inspirant du cours de Combes, il va commencer par chercher les vers de terre dans le sol, à partir d’un mètre carré de test. Mais le résultat de sa «régénération lombricienne» est bien décevant. Le voilà contraint d’essayer autre chose. Il ensemence sa prairie. Mais loin de lui l’idée de demander conseil aux agriculteurs locaux, considérés comme héritiers de pratiques qui ont conduit au désastre écologique. Le productivisme, très peu pour lui. Peut-être que la petite épicerie bio de Laurent et Maria pourrait lui offrir un modèle, ayant finalement réussi à perdurer avec son idéal de décroissance. Anne semble du reste séduite par leurs idées et rêve de faire de leur propriété un modèle autosuffisant.
    Kevin, quant à lui, veut rester à Paris, sans doute pour se prouver qu’un enfant de la classe ouvrière peut réussir. Dans la capitale, lui qui ne veut rien savoir du mariage et préfère les liaisons éphémères, se rêve entrepreneur. Sa start-up va produire des vermicomposteurs design. Il imagine déjà des usines un peu partout en France pour produire des millions de vers de terre capables de digérer des millions de tonnes de déchets. Mais il peine à trouver des capital-risqueurs pour financer ses premiers modèles. Puis il rencontre Philippine, qui s'enthousiasme pour son projet plus que pour ses performances sexuelles. Elle va lever des fonds et offrir à Kevin un poste de directeur dans l'usine qu'elle a réussi à financer, persuadée que malgré son ophiophobie, la théorie darwinienne était juste: «le lombric est l’animal le plus important de l’évolution naturelle». Ensemble, ils vont réussir à lever des fonds dans la Silicon Valley.
    Gaspard Koenig a su trouver le ton idéal pour ce roman, entre idéalisme et dérèglement climatique, entre défense de la biodiversité et capitalisme conquérant. La satire convient parfaitement aux grandes envolées lyriques de ces deux héros imaginant ne pas se laisser entraîner dans l’éco-anxiété ambiante mais bien décidés à sauver la planète. Eux viendront démontrer, chacun à sa place, qu’il n’est pas trop tard ! Mais loin du manifeste écolo, l’auteur montre bien les paradoxes de cette transition écologique plus rêvée que concrètement mise en œuvre. Roman d’une génération inquiète, Humus esquisse des réponses, mais livre surtout un constat : il est vraiment temps d’agir !
    NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.
    https://urlz.fr/oFJT

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  • Gaspard Koenig réussit le tour de force de réunir en un même livre partage de connaissances, humour grinçant savoureux sur les élites qui gouvernent la France, l'hypocrisie sans bornes des politiques RSE des entreprises qui tentent de ripoliner à grands coups de greenwashing leurs façades bien...
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    Gaspard Koenig réussit le tour de force de réunir en un même livre partage de connaissances, humour grinçant savoureux sur les élites qui gouvernent la France, l'hypocrisie sans bornes des politiques RSE des entreprises qui tentent de ripoliner à grands coups de greenwashing leurs façades bien peu vertueuses, et de mettre en perspective les solutions existantes. Il se paye également le luxe de se mettre en scène dans son roman lors d'une brève apparition sous les traits d'un « certain Gaspard, essayiste qui se piquait d'être médiatique mais dont Kevin n'avait jamais entendu parler » (p.235).

    Malgré un final, à y réfléchir pas si invraisemblable, mais quand même très (trop?) spectaculaire, un livre intéressant et original, dont on retiendra les vérités satiriques d'une humanité écartelée, dans sa course folle, entre son confort immédiat et ses craintes d'un avenir menaçant, autant que son exploit inattendu de passionner son lecteur pour les vers de terre.

    Tout en rappelant le rôle fondamental des vers de terre, indispensables à la vie des sols, et pourtant souvent méprisés, Gaspard Koenig nous livre une satire de nos mœurs tant écologiques que financières absolument décapante. Les multiples rebondissements rendent la lecture très addictive, pour aboutir sur une fin quasi-apocalyptique tout aussi surprenante, mais n’est-ce pas là le chemin logique de toute cette violence et des excès de notre société contemporaine ?

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  • Kevin et Arthur, étudiants en agronomie, n’ont qu’une seule idée en tête : changer le monde. Passionnés tous les deux par ce qui vit dans les sols, ils en font une force et livrent une bataille tambours battants. Mais ce qui peut finalement les rapprocher ne fait que les éloigner. Les chemins...
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    Kevin et Arthur, étudiants en agronomie, n’ont qu’une seule idée en tête : changer le monde. Passionnés tous les deux par ce qui vit dans les sols, ils en font une force et livrent une bataille tambours battants. Mais ce qui peut finalement les rapprocher ne fait que les éloigner. Les chemins bien distincts que prennent les deux hommes s’annoncent périlleux et tout n’est pas bon à prendre.

    J’ai refermé ce livre, qui fut bien laborieux à lire, en me demandant ce qu’il était : roman social, roman écologique, fable, essai ? Humus est un mystère pour moi.
    Je n’ai pas accroché à cette « histoire de terre et d’hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste. ». L’auteur a suivi à la lettre son plan d’écriture. Clac clac clac il enchaîne, pas de place à l’imprévu, tout doit rentrer dans ses cases.
    Les personnages stéréotypés ne m’ont pas convaincu, le bobo et le paysan, la naturopathe, tout est trop simple, prévisible. Les lombrics, dont l’auteur déroule son catalogue de recherches sur 100 pages, avec des termes pointus, tu connais tant mieux, tu ne connais pas tant pis ! Prendre mon dictionnaire toutes les 2/3 lignes n’a pas aidé !
    L’ambiance est froide, lisse, aucune place pour l’inattendu. De ce fait, je n’ai ressenti aucune émotion, juste un ennui profond.
    Humus, ça passe ou ça casse !

    http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/11/08/40099823.html

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  • La traversée du miroir par Darwin
    Deux jeunes gens à l’aube de leur vie d’adulte se rencontrent lors d’une conférence sur les lombrics.
    De milieu social différent, Arthur fils de bourgeois face à Kévin fils d’ouvriers agricoles en CDD à perpétuité. Le campus prestigieux apparait au second...
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    La traversée du miroir par Darwin
    Deux jeunes gens à l’aube de leur vie d’adulte se rencontrent lors d’une conférence sur les lombrics.
    De milieu social différent, Arthur fils de bourgeois face à Kévin fils d’ouvriers agricoles en CDD à perpétuité. Le campus prestigieux apparait au second comme le lieu d’une belle vie.
    Le plus à l’aise des deux n’est pas celui que l’on pourrait croire.
    En effet Kévin ne s’embarrasse pas de questions inutiles, sa beauté est un sésame et lui donne une aura. Arthur est plus introverti dans l’ombre du premier.
    Le premier est simplement lui-même l’autre est l’héritier d’une construction de son milieu.
    Mais leur diplôme en poche chacun tracera sa route. Kévin se transforme en startupper et Arthur en gentleman-farmer.
    Arthur sera obsédé par la résurrection de la ferme familiale, celle de son grand-père, comme avant la politique qui a détruit notre belle agriculture.
    C’est la partie du livre que j’ai préféré, celle qui fait revivre ce coin de campagne, les liens crées.
    « Délivré du dernier lien qui le rattachait à l’élite, Arthur se sentait enfin à même d’achever son intégration à Saint-Firmin, un exercice plus délicat et ardu que tous les concours de la République. Il abandonnait son statut d’observateur infiltré pour devenir véritablement l’un des leurs. Seule Maria, qui avait tout de même soutenu son doctorat en Sorbonne, sembla regretter la précipitation d’Arthur. Mais ayant abandonné elle-même la voie universitaire pour devenir épicière et, de surcroît, tenancière d’un bistrot semi-clandestin, elle n’allait pas lui donner des leçons. »
    Les situations sont inversées.
    Malgré une mise en scène de situations cocasses cette façon de nous faire voyager dans ces différents milieux, j’ai trouvé ma lecture âpre.
    La description du fonctionnement de ces grandes écoles est d’une justesse qui fait froid dans le dos.
    Pourtant la construction est bonne, le lecteur ne s’ennuie pas, il partage le sort des protagonistes, et il est bien dans notre siècle et ses errances.
    C’est probablement cet effet miroir d’un temps qui ne me convient pas, d’une société déshumanisée qui m’a donnée cette sensation.
    Il y a une désespérance et un constat : celui que la bonne volonté ne suffit pas.
    J’ai souvent ri « jaune » et j’ai été impactée par cette lecture.
    Lu dans le cadre du Prix Landerneau 2023.
    ©Chantal Lafon
    https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/11/08/humus/

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  • Quelle gageure que ce texte ! Rendre passionnant un récit sur les lombricomposteurs individuels et industriels, les cinq mille espèces de vers de terre, leur fascinante sexualité (si, si!) et la manière dont ils évoluent dans le sol (selon qu’ils appartiennent à la famille des endogés, des...
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    Quelle gageure que ce texte ! Rendre passionnant un récit sur les lombricomposteurs individuels et industriels, les cinq mille espèces de vers de terre, leur fascinante sexualité (si, si!) et la manière dont ils évoluent dans le sol (selon qu’ils appartiennent à la famille des endogés, des épigés ou des anéciques), le fonctionnement d’une motte de terre, le productivisme agro-industriel et les dégâts irréversibles qu’il engendre… Eh bien, le pari est tenu : on plonge dans un roman classique dont la forme tient un peu du roman d’apprentissage balzacien.
    Deux jeunes étudiants en agronomie fraîchement sortis d’AgroParisTech et du plateau bétonné de Saclay, très idéalistes (ou réalistes?), raillant les « bifurqueurs » mais leur ressemblant pas mal, veulent pour l’un, mettre en place un moyen écologique de traitement des déchets (le lombricomposteur), pour l’autre, tenter l’expérience d’un retrait façon Walden dans le bocage ornais (chez moi !) sur les terres du grand-père afin de relancer une agriculture biologique respectueuse de l’environnement. Évidemment, ils vont tous deux rencontrer moult difficultés parce qu’absolument personne ne rêve de posséder un lombricomposteur dans sa salle à manger (sauf les lecteurs du roman archi-convaincus par le projet - non, non, je ne plaisante pas!) Quant aux terres du grand-père, elles sont tellement anéanties par les pesticides et autres saloperies de ce genre que pas un ver ne s’y loge. Le jeune diplômé va donc tenter une « inoculation de lombriciens à des fins de régénération des sols.» On assiste donc aux déboires de ces deux jeunes hommes (Kevin et Arthur), extrêmement attachants l’un et l’autre, se heurtant à une société individualiste, obnubilée par l’argent, la réussite sociale, le rendement, la vitesse et peu préoccupée par les problèmes écologiques. Ils sont tous deux très purs, très authentiques et complètement convaincus, ce qui les rend touchants et terriblement humains. L’on passe donc de la campagne ornaise à la Silicon Valley, d’une usine désaffectée près de Mantes-la-Jolie aux salons de Bercy. On rencontre des « young leaders », des « chief operating officers », des « community managers » (quelle horreur que ces termes !) (je ne connais pas le monde de l’entreprise mais ça ne me donne vraiment pas envie!), des ministres, une inspectrice de la CAF et des militants d’Extinction Rebellion. J’ose à peine imaginer le travail de documentation que l’auteur a dû faire avant de se lancer dans un tel livre où sont décrits avec minutie des milieux extrêmement différents. En tout cas, c’est vraiment réussi : le roman est un VRAI roman, ambitieux et qui nous embarque immédiatement : on n’a pas une seule seconde envie de le lâcher ! Il rend passionnant un sujet a priori rébarbatif. Et surtout, il nous fait réfléchir à nos pratiques, à notre rapport à la terre, au temps, aux gens. Le propos est dans le fond très pessimiste : l’urgence est absolue. Tout le monde le sait et pourtant... Les écolos en ont ras-le-bol de n’être pas pris au sérieux. J’ai vu que certains lecteurs considéraient la fin du roman comme une dystopie apocalyptique, vaguement ridicule ou improbable. Peut-être. N’empêche qu’un de ces jours, à force de patience et fatigués d’avoir comme seul privilège « l’illusion de la révolte », certains pourraient bien devenir plus violents. Ce n’est évidemment pas souhaitable. Mais qui sait ? En tout cas, l’on voit comment l’idéal peut conduire à la violence et au crime.
    Enfin,« Humus » est aussi une magnifique histoire d’amour et d’amitié (voilà ce qui sauvera le monde au fond!) dans laquelle l’union des corps est décrite avec beaucoup de sensualité. Même les vers de terre font l’amour et mieux que nous visiblement !
    On ressort de cette lecture changé, oui, changé. On ne voit plus le monde de la même façon ! « Humus » est un livre fort, engagé, sensible et bouleversant. C’est une satire sociale cruelle d’une société hypocrite où les gens, le regard rivé sur le portable, avancent dans la vie comme des fantoches, seuls, malheureux et incapables d’aimer. Triste monde, tiens !
    Allez, je vous laisse, j’ai mes graines de courge à planter ...

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  • Hésitant, dans un premier temps à le lire, c'est un goncourable et mon objectif était de me faire un avis avant la publication du Lauréat. Je l'ai donc sélectionné parmi les compétiteurs, et ce fût une excellente nouvelle : bien que je n'apprécie pas particulièrement les romans aux thèmes...
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    Hésitant, dans un premier temps à le lire, c'est un goncourable et mon objectif était de me faire un avis avant la publication du Lauréat. Je l'ai donc sélectionné parmi les compétiteurs, et ce fût une excellente nouvelle : bien que je n'apprécie pas particulièrement les romans aux thèmes "écologiques", je me suis prise au jeu : les lombrics !
    Sans trop insister, ni en faire un petit guide du monde souterrain, l'auteur nous dévoile tout de même un écosystème passionnant, en mettant en scène deux protagonistes très attachants, tout en dénonçant la société. Tout y passe : les financiers, les extrêmes, les politiques, avec une belle plume et un humour bien présent.
    Le gros "hic" : la fin. Invraisemblable voir bâclée.
    Une très belle découverte malgré tout

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  • Je n'aurais peut-être pas lu Gaspard Koenig, si Humus n'avait pas fait partie des sélections des prix littéraires ! Cette histoire de lombric, de lombrimix, de copulation de vers de terre ne me tentait que très moyennement, moi qui m'endors invariablement devant des documentaires animaliers....
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    Je n'aurais peut-être pas lu Gaspard Koenig, si Humus n'avait pas fait partie des sélections des prix littéraires ! Cette histoire de lombric, de lombrimix, de copulation de vers de terre ne me tentait que très moyennement, moi qui m'endors invariablement devant des documentaires animaliers. Mais la curiosité fut plus forte ! Et je ne le regrette absolument pas.

    Gaspard Koenig saisit notre modernité au coeur de cette révélation, l'urgence écologique à changer notre façon de consommer pour assurer la survie de l'espèce. Sûr comme ça, pas envie de découvrir ce roman ! Alors, voici l'autre façon :

    Brins d'histoire
    Gaspard Koenig raconte l'engagement de deux ingénieurs agronomes Kévin, sans é, et Arthur.
    Le premier est issu d'un milieu plutôt agricole. En remarquant son aisance dans les études, il est passé de classes en classes, de filières en filières bénéficiant à chaque fois de bourses ou de dispositif financier lui permettant de poursuivre ses études, sans en avoir éprouvé l'envie, sauf celle de découvrir Paris.

    Arthur, et son prénom le souligne, appartient à la classe instruite de l'intelligentsia. Son père est un avocat reconnu pour défendre les libertés fondamentales. Lui, il connaît parfaitement Paris pour y avoir toujours vécu et fréquenté les meilleurs établissements scolaires.

    C'est une conférence par le spécialiste des vers de terre, Marcel Combe (en vrai, Marcel Gauchet) qui va sceller leur amitié. À la fin de leurs études, leurs chemins divergent.

    Arthur choisit de tenter l'expérience des néoruraux dans l'ancienne ferme de son grand-père en Normandie, complètement polluée par des années d'insecticides. Il se propose avec son amie, Anne, dont elle partage l'engagement, de vivre en décroissance, limitant au maximum leur empreinte carbone.

    Kévin pense plutôt produire des vermicomposteurs de cuisine pour évacuer certains déchets ménagers. La rencontre avec Philippine, une rousse plutôt gothique, va orienter son projet vers le milieu industriel.

    Vers de terre, sauveur de l'humanité ?
    Gaspard Koenig est un philosophe, essayiste engagé. Après avoir fait le tour de l'Europe à cheval sur les traces de Montaigne, il avait essayé de se présenter aux élections présidentielles en s'interrogeant sur les raisons de vouloir élire un maître ! Plus réaliste était sa proposition d'un revenu universel pour les jeunes, reprise après.

    Son premier roman avait déjà fait l'objet d'une sélection pour le Goncourt. C'est dire qu'il sait raconter des histoires !

    Le roman ouvre des pistes de réflexion sans forcer son auteur à prendre position.
    S'inspirant du mouvement des destructeurs apparus lors de la cérémonie des remises des diplômes des futurs ingénieurs agricoles en 2022, Gaspard Koenig démontre jusqu'au bout leur logique de décroissance qui peut déboucher sur un absolu difficilement compatible avec notre cadre bien délimité.

    Des étudiants, formés à intégrer les milieux décideurs du pouvoir, se refusent à reproduire à l'identique ce qui n'a pas fonctionné. Ils essayent d'inventer d'autres possibles, comme le feront à leurs façons Kévin et Arthur.

    De plus, la production d'humus par les vers de terre semble être une solution pour assainir la couche qui entoure la terre !

    Pour finir,
    La conclusion de Gaspard Koenig n'est pas réjouissante. Mais, elle répond à l'aspect romanesque de l'ouvrage. Mais sa clairvoyance se situe ailleurs : La justesse de la peinture de cette jeunesse y est évidente tout en étant éclairante. Certes, les lombrics vont peut-être assurer notre survie, mais ils ne sont qu'un prétexte pour confronter le lecteur à son écoresponsabilité.

    Ainsi Gaspard Koenig préfère par la fiction montrer pour expliquer et comprendre. Notamment, les mouvements violents de groupuscules écoanarchiques qui envahissent nos actualités. Et, appréhender aussi cette écoanxiété si répandue dans une jeunesse instruite qui ne croit plus au modèle pour lequel ils ont été formés.

    Gaspard Koenig offre un conte philosophique au point de départ écologique qui analyse notre actualité avec précision et ironie jubilatoire. Humus est un roman d'apprentissage pour deux jeunes hommes qui seront anéantis par notre époque. En cela, il s'inscrit dans la tradition littéraire du 19ème siècle. Mais, entre la désobéissance civique prônée par certains quaternaires et le terrorisme écologique qui se profile chez les plus jeunes, est-ce que le capitaliste vert, libéral et écologique, défendu par Gaspard Koenig sera suffisant. À vous de vous faire votre propre opinion ! Mais, c'est peut-être le prochain Goncourt ?

    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2023/11/02/gaspard-koenig-humus/

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