On croit aller d'histoire en histoire et l'on s'aperçoit qu'elles n'en forment qu'une seule, sous la plume d'un narrateur en guerre contre le monde mais si désarmé que la guerre qu'il mène contre ce monde-là n'est finalement pour lui qu'une suite tragi-comique de défaites.
Ce monde-là. On dira pour aller vite que c'est le nôtre, mais dans une vingtaine d'années. Paris est toujours là, presque inchangé, les gens, surtout les intellectuels, y profèrent toujours autant de sottises et qu'un chien y lise les auteurs grecs dans le texte ou qu'un lapin y parle en alexandrins ne change pas vraiment la donne. Seule différence, toute théorique : notre brave république a confié les rênes de l'État à un guide chargé de faire appliquer le Bien (ce que nous appelons aujourd'hui le bien public) avec la dernière rigueur. Tous les abus intimes sont interdits drague, drogue, ivresses et excès divers (de vitesse, de poids) et réprimés par un luxe de châtiments qui montre au moins que l'humaine espèce n'a rien perdu de sa célèbre imagination.
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