« Je suis née en 1935. Petite, on me disait : "Aujourd'hui, tu manges ton pain noir, plus tard tu mangeras ton pain blanc." Je ne comprenais pas. Je me contentais de remplir mes journées docilement, gentiment, m'appliquant à ne pas déplaire et les pages du temps se tournaient, sages, trop sérieuses. Elles n'avaient pas de légèreté, de saveur, de plaisir. Je ne m'en rendais pas compte, je voulais toujours bien faire, je me comparais aux autres, je vivais suspendue à leurs regards. Je subissais le temps, je subissais ma vie, elle m'échappait jusqu'au jour où un psychologue m'a lancé cette drôle de petite phrase : "Vous devriez essayer la méthode Roger Vittoz, cela vous ferait du bien !" J'avais 55 ans et après six mois d'hésitations, j'ai pris le risque du premier rendez-vous. Je ne savais pas que je rencontrerais cette part d'enfance cachée au fond de moi. Je ne savais pas que je sortirais de ma coquille et m'embarquerais pour la haute mer à la recherche d'une terre lointaine et pourtant si proche, la mienne. »
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