Comment écrire sur un roman sans en déflorer le cœur, l’intrigue douloureuse qui se fait jour par petites touches, suggérée d'avantage qu'écrite, murmurée tel un secret d'alcôve ? Parce qu'il est bien là le talent d'Inès Benaroya ne rien dire de façon directe, mais au contraire laisser les choses affleurer doucement, enivrer le lecteur de ce mystère presque ouaté, laisser s'installer cette atmosphère, cette aura particulière qui envoute parfois presque à la limite de l'asphyxie.
Avec une rare maîtrise pour un premier roman Inès Benaroya dévoile la vie d'Anna une femme à la vie qui semble pleine et accomplie. Accomplie... peut-être pas justement. Deux évènements vont venir troubler la vie d'Anna, la disparition de sa mère d'abord, et cet enfant caché au fond de la remise... Cette remise nichée au fond du jardin d'Anna et de Bertrand qui devient le catalyseur d'émotions trop longtemps tues et refoulées.
Impossible d'en dire plus au risque de pervertir la lecture d'un roman à l'atmosphère envoutante. En dire davantage serait trahir tout le travail d'Inès Benaroya. Un travail d'orfèvre sur le rythme, la langue et les mots. Sachez seulement qu'il y est entre autre question d'enfance, d'amour et peut-être qui sait d'abandon.
Dans la remise est un roman lumineux qui se dévoile peu à peu. Le portrait sensible et émouvant d'une femme mystérieuse et complexe qui fait éprouver au lecteur une palette impressionnante d'émotions parfois contraires, le plonge dans un maelström d'hypothèses qu'il échafaude avec toujours au creux du ventre l'angoisse d'être confronté à cette vérité qu'il n'ose se formuler. Un premier roman brillant qu'il faut absolument découvrir...
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