La chair à canon avait des mains d'or. Dans les tranchées, entre deux assauts, les soldats de 1914 se souvenaient qu'ils avaient été métallos, ajusteurs, tourneurs, armuriers, mécaniciens... Ils retrouvaient leurs gestes familiers pour transformer en oeuvres d'art les déchets de la guerre, obus et douilles de canon, balles de fusils et de mitrailleuses. Ils ont façonné pour leurs proches des souvenirs, coupe-papier, porte-plume, porte-montre, cendriers, vases de toutes les formes.
Ces humbles objets, conservés dans les familles, ont sombré dans l'oubli. Ils ont été redécouverts par des collectionneurs pieux et témoignent, dans leur ornementation, des idéaux, des rêves, des fiertés et des angoisses de simples travailleurs qui voulaient laisser quelque chose d'eux-mêmes avant de mourir.
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