Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Fauré est adolescent lorsqu'il rencontre Camille Saint-Saëns venu enseigner le piano à l'école Niedermeyer ; entre le maître et l'élève, que dix années seulement séparent, s'établit un climat de confiance et d'affection qui ne s'altéra jamais durant les soixante années que dura leur amitié. Le jeune maître transforme sa classe en un vrai séminaire où l'on lit « hors programme » les oeuvres les plus avancées de ce temps : Schumann, Liszt ou Wagner ; chacun apporte ses nouvelles compositions. Lorsque, en 1865, Fauré quitte l'école Niedermeyer, Saint-Saëns le fait connaître auprès de ses amis musiciens : Pauline Viardot, Anton Rubinstein, Pablo de Sarasate ou Franz Liszt. À chaque pas de la carrière de Fauré se devine désormais la présence discrète de l'aîné, qu'il s'agisse de places d'organistes qu'il lui procure - il l'introduit en particulier à la Madeleine - ou de professeur au Conservatoire, jusqu'à la consécration suprême de l'entrée à l'Institut, avec une courte majorité. Sur le plan musical et esthétique, une certaine parenté lie, jusqu'à un certain point, les deux musiciens : là où Saint-Saëns demeure farouchement attaché aux valeurs du XIXe siècle, Fauré prend nettement le tournant du XXe siècle, démarche que l'aîné avouera en toute humilité ne pouvoir comprendre pleinement. C'est l'histoire de cette amitié et les chemins créatifs de ces deux grandes personnalités que retrace leur correspondance, familière, badine, professionnelle et musicale tout à la fois. Elle est ici publiée intégralement dans une édition complétée et révisée.
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