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« Si je n'avais pas ce corps qui me plaque au sol envahi de cette graisse lourde comme un cadavre, je pourrais courir, nager, voyager et pourquoi pas voler comme un papillon débarrassé de sa chrysalide », disait une patiente. Le moi-corps cadavre, prisonnier de lui-même, est une des figures récurrentes de la vie fantasmatique inconsciente des obèses, comme si le dépassement outrancier des limites de leur propre peau masquait la réalité d'un long trépas programmé. Le suicide mélancolique vise à suivre l'objet perdu dans une mort au sein de laquelle il ne pourra se dérober. L'obèse suit l'objet en le dévorant, le préserve en l'enkystant, le détruit en l'étouffant. Il fait le mort en ensevelissant un corps qu'il a préalablement tué. Aliéné à une recherche dont il ignore le but, il oscille entre la quête d'une satisfaction orale primitive et celle d'un objet toujours gratifiant, qu'il voudrait intégrer à son corps en le détruisant. « La où était le Ça, le Moi doit advenir », écrit Freud à propos du chemin analytique de la névrose. Le pari thérapeutique pour nos patients pourrait être celui-ci : « Là où était l'empreinte de l'objet oral - en creux ou en excès -, le moi-sujet doit advenir. Un moi libéré du corps de l'autre. »
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