En 1894, Emile Zola fait la connaissance du docteur Georges Saint-Paul qui mène une enquête sur l'inversion sexuelle. Il lui donne à lire une « confession » qu'un jeune admirateur italien lui a fait parvenir quelques années plus tôt. Rédigée directement en français, elle rapporte avec une étonnante franchise les premiers émois de l'amour homosexuel. Sa publication dans un ouvrage que le médecin signe d'un pseudonyme (Dr Laupts), Tares et poisons. Perversion et perversité sexuelle, provoque celle des Confidences et aveux d'un Parisien. Il s'agit cette fois des mémoires d'un travesti, rédigés une trentaine d'années plus tôt : ils illustrent les observations d'un autre spécialiste, Henri Legludic. Portés à la connaissance d'un public de médecins un peu avant la publication en allemand des Trois Essais sur la théorie sexuelle de Freud, ces ouvrages interrogent des comportements réputés « pervers » ou « pervertis ». Ils concernent ce qu'on n'appelle pas encore la sexualité, le comportement sexuel. Tout en restant tributaires d'une tradition religieuse, ils assurent le passage de leur appréhension morale à une observation « scientifique » que marquent les postulats du déterminisme (la physiologie, le milieu). La publication de documents rédigés à la première personne du singulier fait apparaître quelles relations associent le discours médical, la fiction romanesque et les écrits de témoignage.
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