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Condé, le héros fourvoyé

Couverture du livre « Condé, le héros fourvoyé » de Simone Bertiere aux éditions Fallois
  • Date de parution :
  • Editeur : Fallois
  • EAN : 9782877067775
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La vie mouvementée de Louis de Bourbon, prince de Condé (1621-1686), se déroule au coeur du XVIIe siècle, dans une période elle-même très agitée : durant la minorité de Louis XIV, Anne d'Autriche et son ministre Mazarin, qui ont choisi de continuer la guerre entreprise contre les Habsbourg de... Voir plus

La vie mouvementée de Louis de Bourbon, prince de Condé (1621-1686), se déroule au coeur du XVIIe siècle, dans une période elle-même très agitée : durant la minorité de Louis XIV, Anne d'Autriche et son ministre Mazarin, qui ont choisi de continuer la guerre entreprise contre les Habsbourg de Madrid et de Vienne, doivent faire face également à une rébellion intérieure, la Fronde.

Proche du roi par cousinage, mais issu d'une lignée de rebelles, le jeune homme s'impose à vingt-deux ans sur le champ de bataille de Rocroi comme un capitaine de guerre exceptionnellement doué. Six ans durant, de 1643 à 1648, il accumule ensuite les victoires, qui deviendront des cas d'école pour les militaires à venir. Il y fait preuve en outre d'une extrême bravoure, chargeant à la tête de ses troupes en prenant des risques inouïs. Considéré comme l'égal d'Alexandre, il entre dans la légende de son vivant.

La médaille a un revers. Puisque aucun exploit ne lui est impossible, il se croit tout permis. Dans la vie civile, accompagné de sa troupe d'amis, les « petits-maîtres », il multiplie les provocations, tant sur le plan des moeurs que sur celui de la religion. Il commence d'indisposer les autorités. En 1648, lorsque les magistrats déclenchent la révolte contre la pression fiscale, la régente ne peut que s'appuyer sur lui. Il la soutient lors du siège de Paris. Mais en récompense de ses services, il croit pouvoir tout exiger.
Exaspérée elle le fait mettre en prison, avant d'être contrainte de le libérer au bout d'un an. À sa sortie il opte pour la guerre civile, mais ne parvient pas à se constituer une base solide en province et, vaincu, se réfugie aux Pays-Bas, chez les Espagnols. Il combat à leurs côtés de 1653 à 1658, sans pouvoir empêcher leur défaite finale.
Quand il rentre en France après la Paix des Pyrénées, il lui reste un bon quart de siècle à vivre, dans un pays qui a profondément changé. Il récupère, au prix de sa soumission, ses biens et son statut de prince du sang, mais Louis XIV le tient durablement à l'écart, avant de lui offrir sur le tard l'occasion de deux campagnes militaires. Mais c'est comme homme privé qu'il opère sur lui-même une extraordinaire mutation, devenant aussi patient, attentif aux autres et généreux qu'il avait été coléreux et arrogant naguère. Dans son domaine de Chantilly, il offre aux esprits indépendants à qui pèse le dirigisme culturel régnant un chaleureux espace de liberté.

Ce livre est une biographie historique : le récit, non romancé, de la vie d'un homme.
Il apporte un éclairage précieux sur les mentalités d'une époque très différente de la nôtre. Un exemple. La France était alors en pleine mutation, la monarchie s'efforçait d'imposer son autorité à de grands seigneurs nostalgiques de l'indépendance dont ils jouissaient au temps de la féodalité. Le sentiment national, déjà vif dans la bourgeoisie, était quasi inexistant chez eux avant la Fronde. Le passage de Condé à l'ennemi est perçu par eux, sur le moment, comme légitime défense contre un abus de pouvoir royal. Mais à son retour, quand la victoire définitive de la France a modifié les façons de penser, il apparaît rétrospectivement comme une trahison. En pareil cas, est-il possible de juger, quand les critères ne sont plus les mêmes ?
Du point de vue psychologique le personnage, complexe, énigmatique, est à la fois inquiétant et fascinant. Quel est le moteur de sa conduite ? Il n'a pas fait de confidences.

Mais d'après ses actions, on aperçoit chez lui une constante : la haute conscience de sa valeur, le niveau élevé de ses exigences, le refus des limites, le défi à l'autorité, aux contraintes, à la mort. Et pour couronner une carrière contrastée, la victoire sur soi et une conversion religieuse in extremis. Comment se concilient en lui un rationalisme très poussé avec un déni de réel radical dès que sa personne est en cause ? L'historien apporte des pièces au dossier, mais s'interdit de trancher.
Plus largement, son cas invite à une double réflexion sur l'héroïsme et sur la gloire qui en découle. La quête de l'exploit, de l'absolu, est-elle vivable pour l'intéressé, et sous quelles formes ? Quelle place la société peut-elle réserver au héros ? a-t-il tous les droits ? peut-il se permettre n'importe quoi ? La question est valable pour n'importe quel champ d'action : d'où son intérêt actuel.

Autour de Condé, bien sûr, on rencontre dans ce livre tous les grands acteurs de l'époque, Richelieu, Anne d'Autriche, Mazarin, le jeune Louis XIV, et aussi Gaston d'Orléans, qui lui dispute la scène politique, et Turenne, qui lui dispute la gloire. Simone Bertière les fait tous revivre d'une plume alerte, comme de coutume, dans un récit nourri d'anecdotes et teinté d'humour.

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