Le Moyen Âge est une période qui prend de grands airs, mais qui produit un son de casserole... c'est comme cela que Patrick Boucheron commence ce texte, d'emblée surprenant, captivant, qui nous fait percevoir avec beaucoup de finesse combien les codes sociaux du Moyen Âge sont différents de ceux d'aujourd'hui. Exemple : la jeunesse. Pour lui, être jeune veut dire être en révolte, et il voit le Moyen-Âge comme une « sorte de civilisation d'adolescents attardés qui ne cessent de se révolter contre leurs parents. » Puis il précise que, loin de l'imaginaire de Robin des Bois, ceux qui se révoltent au Moyen-Âge et jusqu'à aujourd'hui, ne sont pas les pauvres. Souvent, ce sont même les plus riches. Quant à la question : quand se révolte-t-on ? La réponse est intemporelle : quand la colère est plus forte que la peur. Patrick Boucheron rappelle que si l'on dissocie le mot révolte de l'idéal politique où on le situe, alors la révolte peut être la Saint-Barthélemy, le terrorisme, toute forme d'action violente contre l'ordre. Face à cet état de fait, l'auteur propose son « kit de survie » : se rappeler que quelle que soit la situation, il n'existe pas d'exemple historique où le pire dure éternellement.
Patrick Boucheron est historien, spécialiste des cités italiennes au Moyen-Âge. Élu l'année dernière au Collège de France, professeur à Paris 1, auteur d'essais sur l'espace public, sur l'Italie médiévale ou sur Léonard de Vinci, il ne cesse de se pencher sur sa discipline et de chercher à comprendre ce qu'est la profession d'historien. Il a publié notamment Conjurer la peur. Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil).
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