Il avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus, mais après neuf mois passés à suivre la campagne présidentielle de 2012, deux années occupées à observer les coulisses de l'Elysée et cinq années dans les pattes de Gérard Depardieu, notre reporter bédé préféré depuis Tintin a replongé dans la marmite de la politique.
En mettant en parallèle la trajectoire de Jean Racine qui se rêve courtisan de Louis XIV au XVIIe siècle et la sienne dans sa tentative d'approche du président Emmanuel Macron, Mathieu Sapin interroge les liens entre l'Art et le Pouvoir avec la finesse et l'autodérision qui font sa patte. Un must !
Dernière masse critique de 2020 et l’année se termine plutôt bien puisque j’ai reçu la bande dessinée que je convoitais depuis quelques temps et que je n’avais pas le droit de m’acheter – période de noël oblige !
Couverture du livre « Comédie française ; voyages dans l'antichambre du pouvoir » de Mathieu Sapin aux éditions Dargaud
Mathieu Sapin a suivi la campagne présidentielle de François Hollande et il s’était promis de ne pas suivre à nouveau un président mais il ne faut pas dire Fontaine je ne boirai plus jamais de ton eau ! et sa route a croisé celle d’Emmanuel Macron faisait surgir une réflexion sur le pouvoir et plus particulièrement sur le lien entre les arts et le pouvoir et qui mieux que Jean Racine, historiographe du roi Louis XIV, pour établir un parallèle avec ce que réalise Mathieu Sapin avec les présidents français ?
J’ai pris un réel plaisir à lire cette bande dessinée et pour plusieurs raisons. La première est sans nul doute la qualité des dessins de Mathieu Sapin, très réalistes, très fidèles et en même temps souvent faits avec une pointe d’humour qui ne gâte rien, bien au contraire ! La deuxième est cette plongée délicieuse dans le passé et plus particulièrement à cette époque que j’ai tant travaillée dans mes études de lettres – étant dix-septièmiste de formation, j’ai retrouvé des références universitaires, lues, relues, analysées et décortiquées. La vie de Jean Racine est intéressante et derrière les pièces de théâtre que beaucoup connaissent se cache un homme aux multiples visages : janséniste, homme de lettres habitué des salons littéraires, historiographe du roi et j’en passe, autant de visages qui rendent la vie de cet écrivain digne d’un roman. Enfin, dernière raison à ce coup de coeur littéraire est la réflexion que livre Mathieu Sapin sur les relations parfois ambiguës et confuses entre la fiction, la littérature et le pouvoir. Depuis la création de l’Académie Française et bien avant déjà avec les mécénats, la littérature était un domaine qui sous couvert d’indépendance était lié au pouvoir. A travers ce parallèle Macron et Sapin/ Louis XIV et Racine se pose la question du rôle de la littérature dans l’antichambre du pouvoir. Comment les uns et les autres entretiennent ils des relations qui servent de source de création ou d’organe de diffusion ? Autant de questions auxquelles Mathieu Sapin essaie de répondre à travers la plongée dans la vie de Jean Racine.
En résumé : une bande dessinée qui n’est pas un reportage sur le président Macron mais bien une réflexion intelligente et bien menée sur la fascination du pouvoir.
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