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À l'aide d'abondantes traductions de textes chinois et de témoignages de missionnaires chrétiens venus en Chine au XVIIe siècle, Jacques Gernet met ici en lumière les contradictions et antinomies des traditions chinoises et occidentales.
Porteur de tout un héritage antique et médiéval qui nous est propre, le christianisme a suscité dès l'abord en Chine des réactions diverses de curiosité, de sympathie, d'approbation mêlée de réserves, mais surtout et de façon plus durable, d'hostilité radicale. Il est apparu bientôt aux milieux instruits comme une menace multiforme contre toutes les traditions politiques, sociales, morales et philosophiques de l'Empire du Milieu.
À l'encontre des thèses chrétiennes, la Chine affirmait l'unité de l'homme et de l'univers, l'idée d'un principe d'organisation inhérent à la «matière» et une sorte de métabolisme universel ; elle supposait aux origines de la morale une spontanéité analogue à celle des phénomènes naturels. «Le Ciel ne parle pas», disait Confucius.
L'auteur est amené enfin à s'interroger sur les rapports de la langue et de la pensée. La différence des traditions sociales et intellectuelles ne serait pas seule en cause : les structures linguistiques auraient eu des effets déterminants sur les orientations fondamentales de la pensée en Chine et en Occident.
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