Tel le petit village gaulois imaginé par Uderzo et Goscinny résistant à l'invasion romaine, le café Aux Sportifs réunis maintient le cap contre vents et marées depuis le début des années 50 au 75 de la rue Brancion. Certes, le quartier n'est plus le même. Les abattoirs et le marché aux chevaux d'en face ont fermé leurs portes monumentales, les vitriers sont devenus aussi invisibles que leurs glaces, et les marchands des quatre-saisons dont les voitures offraient une fête permanente de couleurs fraîches et de senteurs ne stationnent plus le long des trottoirs. Mais qu'importe, l'ancien bistrot de Yanek Walczak est toujours là, avec son cortège de fidèles déroulant des scènes d'incantations au fils de Jupiter, Bacchus, divinité dotée du mystérieux pouvoir d'aider l'humanité à s'étourdir, à se consoler des tourments de la vie. Avant que cet univers ne s'éparpille dans la fébrilité factice du présent, que les ombres fantomatiques de Yanek, de Georgette, de Guy et des amis disparus soient tout à fait effacées de l'esprit de ceux qui les connurent, il convenait de prononcer leur panégyrique, d'en fixer par écrit leurs souvenirs. Nous soumettons cet ouvrage à votre attention, à consommer à discrétion comme les tentations épicuriennes qui nous attendent Chez Walczak en espérant que ce voyage dans la paisible tranquillité du passé ne vous fasse pas regretter le cours inexorable du temps.
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