Portée par quelques traducteurs émérites, notamment l'essentiel Eric Boury, la littérature islandaise commence à trouver un écho en France, grâce à la finesse de ses polars et à une langue toujours inspirée par de grandes sagas nordiques.
Plus de vingt ans ont passés depuis que Brynhildur a quitté Paris où elle a été étudiante à la Sorbonne. Mais un court séjour dans la capitale ainsi qu'une aventure inattendue et sans lendemain la projettent malgré elle face à ses souvenirs de jeunesse, parmi lesquels, celui du grand amour à côté duquel elle est passée. Pourquoi ne saisit-on pas le bonheur lorsqu'il passe ? Pourquoi tous ces tourments et ces attirances non réciproques ? Un roman émouvant et bien construit sur les amours et l'érotisme, les dons des dieux et leur cruauté. Peu de poètes peuvent se flatter d'égaler Steinunn Siguroardóttir quand il s'agit de disséquer la nature de l'amour.
Steinunn Sigurdardóttir répond à nos questions ! (15/04/2011)
1) Qui êtes-vous ? ! Une autre. (Je suis une autre) 2) Quel est le thème central de ce livre ? Comment nos choix de vies sont déterminés par l'amour. Ce roman est une série de déclarations d'amour, à un homme ou deux, à Paris, aux paysages islandais. 3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ? Je poursuivais une ombre, mais c'était l'ombre qui me suivait et je ne m'en étais pas aperçue parce que je ne m'étais pas retournée. (page 65) 4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ? Le roman est structuré en trois parties aux tonalités différentes, donc il me faudrait choisir trois morceaux. Mais pendant que j'écrivais ce roman, installée dans mon salon du XVIIIe arrondissement, j'ai écouté une chanson en boucle : Le Métèque, de Georges Moustaki. Toutefois, cette chanson fantastique n'apparaît pas dans le livre. C'est mieux comme cela ; une petite musique cachée. 5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ? Les possibles de la vie et de l'amour, dans le temps et dans l'espace. Leurs impossibilités aussi. Avec un sourire en coin.Portée par quelques traducteurs émérites, notamment l'essentiel Eric Boury, la littérature islandaise commence à trouver un écho en France, grâce à la finesse de ses polars et à une langue toujours inspirée par de grandes sagas nordiques.
Ayant promis à sa fille de lui trouver un paravent particulier, Brynhildur pousse la porte du magasin Aux cent deux paravents. Elle y fait la connaissance de Tahar qui va devenir, le temps d'une étreinte, l'amant tant désiré... Cette entrée en matière pourrait être digne des meilleurs romans de Barbara Cartland, mais elle est avant tout, prétexte à une introspection lucide et troublante d'une femme qui ne coïncide jamais avec elle-même, et dont la vie a été guidée par un amour et son manque. Car, ce dont Brynhildur ne se doute pas, c'est qu'elle a, en réalité, pénétré dans une véritable caverne d'Ali Baba, celle de sa mémoire.
Sur le ton de la confession chuchotée mais assumée, Steinunn Sigurdardóttir plonge dans les arcanes des souvenirs de Brynhildur. On découvre ainsi comment ce professeur de grec, noble dégénéré, «expert en veillées funèbres de jeunes filles bien vivantes», et caché au bout de l'impasse menant au cimetière Montmartre, envoûta la jeune étudiante de l'époque et transforme encore la femme mariée d'aujourd'hui en une femme vaguement lassée d'elle-même. Si le sujet ne semble pas risqué, le pathétique pourrait néanmoins poindre à chacune des pages, mais l'auteur est une dentellière de la langue. Elle donne voix aux silences, assourdit les cris et bouleverse ainsi les moroses en mots roses. Avec une poésie dont les frontières sont si perméables, elle mêle insidieusement le passé et le présent, le quotidien concret et les désirs vains, les rêves inachevés et la vie avortée. Son roman tout enclin à la nostalgie n'en est pas moins un hymne aux possibles : son écriture, oscillante «comme une multitude de portes qui s'entrouvrent et se referment doucement et inlassablement», laisse toujours de la place à l'espoir. Le roman de Steinunn Sigurdardóttir devient alors un portrait vertigineux d'une femme, semblable à tant d'autres, qui est toujours au Paradis, sans jamais savoir où elle est vraiment. Ensorcelant !
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