Anne Weber a demandé à être engagée dans une usine pour observer le travail et la vie quotidienne des travailleurs. S'interrogeant sur la fonction sociale de l'écrivain, elle est allée jusqu'au bout de son pari, en obtenant un poste à un emplacement stratégique. Peut-on écrire comme on travaille quand on est salarié ? Qu'est-ce qui différencie le travail d'un écrivain d'un autre travail ? Et, plus profondément qu'est-ce que cela signifie de vendre son temps à une entreprise. Sur un ton à la fois poétique, ironique et unatique, elle décrit ses journées dans une usine particulière, puisqu'il s'agit d'une fabrique de prothèses dentaires, où les travailleurs minutieux sont hautement surveillés (à cause de l'or utilisé). Cela se passe en Suisse : propreté, surveillance, discipline. Elle reste discrète, ne voulant pas abuser de sa place d'observatrice et de la
confiance éphémère que lui font ses collègues occasionnels. Le résultat est un livre décapant sur la vie ordinaire et sur la vie intérieure. Car l'écrivain est une rêveuse sarcastique, avec quelques moments de lyrisme. Ç'est un récit poétique, mais aussi une réfléxion profonde. Quelques portraits émouvants, des destins entrecroisés, des indices servent de point de départ à des fictions passagères. C'est également une belle réflexion aussi sur les ébauches d'intrigue et l'absence de roman.
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