« Palmito », « Gros Cheval », « le Mythe » « Trump des tropiques », on ne compte plus les surnoms dont les Brésiliens ont affublé leur président. Elu en 2018 à la suite d'une campagne marquée par la violence, la haine des élites et une tentative d'assassinat, Jair Bolsonaro, est le premier président d'extrême droite à s'installer à Brasilia. C'est la stupeur, le peuple brésilien se déchire, doute, s'interroge. Comment un homme qui voue un tel culte à la dictature militaire, clame haut fort son ignorance de la chose publique et de l'économie, qui méprise les femmes, les institutions, la nature, l'écologie et insulte sans vergogne les homosexuels, les noirs et les métisses, a-t-il pu triompher ?
De la pandémie de covid-19 qui a fait plus de 600 000 victimes au Brésil aux immenses brasiers qui ont dévasté l'Amazonie, des tentatives de coup d'Etat aux coups de sang à répétition, jamais dans l'histoire moderne une grande démocratie n'avait porté pareil personnage au pouvoir. En quatre ans d'un mandat furieux et ubuesque, Jair Bolsonaro aura été l'homme de toutes les outrances, de toutes les transgressions. En comparaison, des personnalités aussi polémiques que Viktor Orban, Nigel Farage, Eric Zemmour Matteo Salvini ou Donald Trump prennent des airs de pâles nationalistes. Mais qui est Jair Bolsonaro ? Un clown triomphant manipulé par l'armée ou un autocrate qui décime son propre peuple ? De quoi est-il le nom ? Et que dit-il sur le Brésil, sur notre époque, sur l'état des médias et des démocraties ?
Bruno Meyerfeld, franco-brésilien et correspondant du journal Le Monde au Brésil, a mené l'enquête et retrace les grands évènements de son mandat ainsi que l'itinéraire de ce personnage haut en couleurs, depuis son enfance jusqu'à son arrivée au pouvoir. Il dévoile le quotidien de ce président insomniaque et paranoïaque au sein du palais de l'Aurore, résidence des chefs de l'Etat brésilien. Une plongée dans la folie au pouvoir et la découverte d'un pays hors du commun. Entre lumière et ombre.
Bien sûr que quand j'ai lu ce texte, j'avais les résultats des élections brésiliennes et savais que le "cauchemar brésilien" est peut être fini.
Bruno Meyerfeld a été correspondant du Monde au Brésil et nous rappelle l'histoire complexe et souvent dramatique de ce pays où les présidents fantasques ont été nombreux. Ça se lit comme un roman.
Ce portrait de Bolsonaro est hallucinant et celui ci est digne de certains personnages de grands romans historiques (d'ailleurs, l'auteur nous cite les textes de Conrad, Vargas Llosa et Garcia Marquez). Mais cette élection et ce mandat n'étaient pas une fiction, mais bien ancrés dans la société brésilienne et dans l'actualité du monde.
Nous découvrons comment ce simple capitaine de l'armée a réussi à accéder au pouvoir, comment il a su utiliser les réseaux de l'agro négoce, des milieux évangélistes, et su utiliser les nouveaux moyens de communications. A une époque récente, certains présidents "utilisaient" certaines chaines de télévision pour accéder au pouvoir (Trump, Berlusconi). Lui et ses fils ont su utiliser Facebook, instagram, Twiter et grâce à des likes, à des lives, ils ont réussi à créer un vivier d'électeurs. Il ne faut tout de même pas oublier qu'il a aussi véhiculé des idées d'extrême droite et utiliser à souhait des fake news, de la violence ...
J'ai aimé l'articulation de ce texte : l'auteur parle très bien de la capitale Braisilia et ses monuments. Brasília, inaugurée comme capitale du Brésil en 1960, est une ville à l'urbanisme planifié qui se distingue par son architecture blanche et moderne, principalement réalisée par Oscar Niemeyer. Conçue sous la forme d'un avion, son "fuselage" est constitué par l'Axe monumental, 2 larges avenues longeant un vaste parc. Dans le "cockpit" se trouve la place des Trois Pouvoirs, qui tient son nom des 3 branches du gouvernement qui l'entourent. le Palácio da Alvorada qui est la résidence officielle du Président et où on en apprend plus sur la vie de Bolsonaro, Président. Ses insomnies, ses réaménagements des pièces, ses sorties hebdomadaires sur le parvis pour se faire un bain de foule avec ses fidèles .. le siège du ministère de la Justice et le rôle de la cour suprême qui a veillé sur la démocratie brésilienne.
Ce texte nous apprend aussi beaucoup sur l'histoire brésilienne, sur la démocratie brésilienne, bien sûr que Bolsonaro a "utilisé" les urnes pour être élu mais il y a eu des gardes fous pour éviter un retour d'une dictature.
A la fois essai politique, portrait d'un président, ce texte se lit comme un roman, un roman historique, politique.
Le pire c'est que ce président était bien réel et non un personnage de fiction. Et qu'il a failli mettre le Brésil a feu et à sang et qu'il a mal géré, et le terme est faible la crise du Covid, qui a fait trop de morts qui auraient pu être évité, qu'il a failli enflammer l'Amazonie et qu'il va laisser certaines traces dans la société et la politique brésilienne. Il n'a d'ailleurs peut être pas dit son dernier mot. Normalement, il va céder son poste le premier janvier, pour le retour au pouvoir de Lula (un autre président du Brésil, digne d'un roman avec un parcours aussi romanesque).
J'ai beaucoup apprécié cette lecture et vais (re)lire les textes romanesques cités et suivre l'évolution du Brésil et de sa démocratie.
#Cauchemarbrésilien #NetGalleyFrance
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