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Carnets 1934-1948 "si tu ne désensables pas ta vie chaque jour..."

Couverture du livre « Carnets 1934-1948
Résumé:

Fils d'un paysan vosgien, mort des suites de la grande guerre, et d'une institutrice, Henri Thomas se distingua dès le lycée par un premier prix de philosophie au Concours général de 1931. Un jour, il paria avec ses camarades du collège de Saint-Dié qu'André Gide lui-même répondrait à l'envoi de... Voir plus

Fils d'un paysan vosgien, mort des suites de la grande guerre, et d'une institutrice, Henri Thomas se distingua dès le lycée par un premier prix de philosophie au Concours général de 1931. Un jour, il paria avec ses camarades du collège de Saint-Dié qu'André Gide lui-même répondrait à l'envoi de ses vers : Gide répondit et l'encouragea à lui téléphoner à Paris, dès son baccalauréat en poche...
Thomas fit sa khâgne à Henri-IV, où il eut comme professeur Alain ; tiraillé entre l'influence de son «maître» et celle de Gide, il se réfugia dans la lecture puis renonça, en 1934, à Normale comme à l'agrégation. Son compatriote Arthur Rimbaud lui avait insufflé une sourde révolte, toute entière reversée en poésie. Vinrent l'expérience ratée de la Guerre d'Espagne, le long service militaire en Moselle, les premières publications de poèmes, les travaux alimentaires confiés au jeune homme impécunieux (Le Précepteur, 1942). Introduit dans le milieu de la NRF, il publia un récit autobiographique, Le Seau à charbon en avril 1940, alors qu'il était aux armées. Le livre fut peu remarqué. «Il faudra savoir tirer parti au plus juste de mon mince bagage, au retour dans la vie civile. Peu d'argent, de rares possibilités de travail rémunéré, une énergie assez grande mais sujette à quantité de faux-pas» nota-t-il dans ses Carnets donnés à lire à Gide, qui en apprécia l'écriture «déjà pleine d'une riche substance».
Après la Démobilisation, il vécut dans une chambre de bonne prêtée par Gide, rue Vaneau : il s'exerça à la critique littéraire et publia des recueils de poèmes (Travaux d'aveugle, 1941) et des textes dans La Nouvelle Revue française, alors sous la direction de Drieu La Rochelle. Il s'arracha à ce mol inconfort, franchit la ligne de Démarcation et se réfugia à Cabris au sein de la petite communauté regroupée autour d'André Gide, des Van Rysselberghe et des Mayrisch (Le Goût de l'éternel, 1990). Après avoir failli épouser Catherine Gide, «le petit Thomas» se maria avec une jeune étudiante en philosophie, Colette Gibert, et commença un livre au titre ironique, La Vie ensemble (1945).
À la Libération, Henri Thomas devint secrétaire littéraire de l'hebdomadaire Terre des Hommes, dirigé par Pierre Herbart ; il aida Arthur Adamov à lancer sa revue L'Heure nouvelle et fonda en 1947, avec Marcel Bisiaux, la revue 84, qui réunit, cinq années durant, Alfred Kern, André Dhotel, Georges Lambrichs, Pierre Leyris et Jacques Brenner. Puis, ce fut la longue et douloureuse rupture avec Colette, qui, depuis leur visite à Antonin Artaud à Rodez en 1946, était devenue «l'une des filles de son délire» (elle est la «Lucie» éperdue du roman de Henri Thomas, le Migrateur, 1983). 1948 fut, pour le jeune écrivain l'année du départ volontariste pour les «hivers charbonneux» de Londres, où il devint traducteur à la BBC.

Après un certain effort d'intégration sociale en Angleterre et son remariage avec Jacqueline Le Béguec, qui devait mourir en 1965, il enseigna la littérature française à l'université Brandeis (Massachussets) aux États-Unis, de 1958 à 1960. C'est dans la société américaine qu'il trouva l'inquiétant sujet du roman qui le fit connaître : John Perkins obtint le prix Médicis en 1960. L'année suivante, Le Promontoire eut le prix Fémina... Henri Thomas revint gagner sa vie en France, appointé comme lecteur des manuscrits de littérature allemande chez Gallimard - où il publia quasiment tous ses livres jusqu'à la fin de sa vie, en regrettant cependant qu'ils ne fussent point discutés en comité, mais acceptés d'emblée...

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