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Un village solitaire dans la plaine, sous une pluie battante voit un chien errant revenir de là-bas, de la ville au loin. A peine arrivé, Fernand se frotte à un canard en imper mastic, jeté à la rue d’un coup de pied au cul. Oui, voilà Canardo, le héros fatigué et (déjà) désabusé, de cette série de Benoît Sokal. Oui, il y a bien un meurtre, celui de Gilberte, l’ex de Fernand. Oui, il y a l’ennemi de toujours, Kartler le bouledogue. Et tout cela pue la rancune, la sueur, la testostérone, la bêtise et le fatalisme. En effet, un pauvre type tombe toujours amoureux d’une pauvre fille, et rien n’y fera pour que cela change, ni l’alcool, ni la came, ni le sexe, ni même le meurtre. Mais le plus étonnant est de voir surgir dans cet univers animalier entièrement anthropomorphique (une sorte d’univers à la Disney, mais complètement perverti), un véritable humain encore plus à la masse que les « charmantes» bêbêtes qui l’entourent. Si bien que le retour à l’animalité est très sérieusement envisagé par certains protagonistes afin de ne plus être comme les humains, ne plus être des monstres.
Cette première aventure avec son lot de non-sens (page 44, un coup de maître), d’auto-dérision et de maladresses laissait pressentir tout ce qui sera le sel et la saveur amère des aventures suivantes. Et pourtant, je relis toujours cet album avec tendresse, car il est lié à mon premier cours de philosophie à l’Université Libre de Bruxelles ; je l’avais emporté pour pallier à une séance ex cathedra ennuyeuse à mourir mais je ne l’ai lu que dans le train du retour.
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