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Par son titre, Caillot, Stéphanie Ferrat annonce toute la matière de ce nouveau recueil. Matière du sujet d'abord - il est question de « cicatrice », de « gorge impossible » - puis matière de la forme, car c'est une langue sèche, dense, ramassée, à laquelle nous avons affaire ici. Le corps, par morceaux - ventre, peau, cou, mains... - revient régulièrement ; et dès lors qu'il est questionné, il questionne. Comme par flux, la langue toute dans la retenue, laisse parfois surgir l'à-vif, tente de désigner ce qui se donne comme étranger à la vision, et si elle effleure sans nommer, elle rejoint en révélant l'intime enlacé au réel. L'écriture tendue vers cette parole d'urgence déploie un univers sensoriel ; creuse, avance dans les jours, l'air ; et c'est de cette matière laissée en terre, ou plutôt, dans le sang que vient le poème. Phénomène de la cristallisation dont le corps garde les traces. Tout de ce qui a été l'épaisseur a séché, ne laissant que squelette, essence de l'être, concentration de gestes. Au cours de la lecture, on perçoit, à l'image des rivières souterraines, des bouillonnements, alors qu'à la surface presque rien ne paraît bouger. Les mots semblent venir de cet arrêt du corps face au monde qui n'en finit pas de surprendre, face à la vie qui n'en finit pas de remuer.
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