Trop souvent, le regard porté sur les milieux populaires confine au mieux à l'apitoiement (les gens modestes, les démunis, les défavorisés) et au pire à la stigmatisation, comme si les personnes de milieu populaire se réduisaient aux maux dont elles souffrent ; comme si la confiance, la fraternité, la dignité n'existaient pas ; comme si l'espérance n'y était pas présente. À cet égard, l'usage du vocable « politique de peuplement » par le Premier ministre pour promouvoir la mixité sociale est lourde de sens. Bien évidemment, il ne s'agit pas de gommer les problèmes des quartiers populaires et des lieux de travail mais de promouvoir un regard de confiance dans les capacités des personnes de milieux populaires à agir, à vivre la solidarité, à croire en un avenir malgré l'adversité. Ce changement de regard change aussi la façon dont la présence de Dieu dans la vie de ces quartiers est interrogée.
Cela suppose un travail de discernement, un déplacement, une mise en récit d'histoires de vies et d'initiatives. Cela suppose aussi d'interroger la foi qui est mise en jeu dans ce contexte, d'expliciter cette affirmation du pape François : « Ce dont souffrent le plus les pauvres, c'est du manque d'attention spirituelle ».
Réalisé à partir des récits partagés lors de la Rencontre nationale de la Mission ouvrière à Lourdes en mai 2015, ce numéro veut promouvoir une éducation populaire fondée sur la mise en valeur des pratiques émancipatrices et traversée par l'interrogation biblique « Qu'as-tu fais de ton frère ? »
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