Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
« Quand je regarde Un enterrement à Ornans, je ne vois pas ce tableau seulement comme un visiteur peut le regarder au musée d'Orsay, je le regarde aussi depuis la Roche d'Haute-Pierre, comme depuis les coulisses de cette scène ordinaire (un enterrement) que Courbet éleva au rang de peinture d'histoire. Je reconnais presque quelques-uns des acteurs, le sacristain qui porte la croix, une des vieilles avec son bonnet blanc ; ma grand-mère avec son profil sévère pose aussi parmi le groupe de femmes. Si le regard plonge depuis le sommet de la Roche d'Haute-Pierre au fond des gorges de Nouailles où la Loue prend sa source, il plonge encore au fond du trou, de la fosse autour de laquelle, au centre d'Un enterrement, chacun s'approche inexorablement en portant ou simulant le deuil, distrait par une pensée ou par un des deux enfants de choeur. L'un semble attirer les regards parce qu'il a commis une maladresse. L'autre, c'est lui plutôt qui retient mon attention, regarde ailleurs. C'est l'Enfant, le récitant à l'avant-scène qui rêve toute la Comédie que nous jouons, cette procession, de la naissance à la mort. »
Jean-Pierre Ferrini.
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