Léon Bloy (1848-1917), « pèlerin de l'absolu », reste notre contemporain. Celui qui fit de la foi un sport de combat continue de nous harceler au travers des objets de sa fureur : le conformisme hypocrite, le scandale de la pauvreté, la course à l'abîme du monde moderne. Alors que le monde catholique qui fut le sien, celui du conformisme sulpicien, est englouti, la voix de Bloy nous harponne encore et encore. Car Bloy est avant tout une voix, un verbe, égaux à ceux de Rabelais, Voltaire ou Hugo. On peut discuter ses réponses, ne tablant que sur une résolution surnaturelle des souffrances humaines, mais pas ses thèmes.
François Angelier a ainsi choisi de restituer le grain de cette voix unique au travers de textes courts commentant une quinzaine de thèmes-clés de son oeuvre. Citons-en quelques-uns : Eden (car l'homme porte le deuil de l'Éden, et que voir Dieu, c'est se voir soi) ; Apparences (le spectacle du monde n'est que la projection terrible de gouffres intérieurs qu'il importe de sonder en esprit, sinon l'homme restera la dupe pathétique d'un monde qu'il croit dominer et qui lui échappe) ; Histoire (faisant front au succès des sciences positives, Bloy se veut le metteur en oeuvre d'une table de désorientation : « On ne sait rien », au profit d'une table de ré orientation spirituelle : « Seule l'âme saura ») ; etc.
Bloy ou la fureur du juste
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