AVANT L'AMIANTE, HISTOIRE D'UN TOXIQUE INDUSTRIEL :
LA CERUSE OU BLANC DE PLOMB.
« Le constat liminaire est celui-ci : l'oxyde de plomb dénommé céruse, ou blanc de plomb, produit reconnu éminemment dangereux pour la santé humaine, a en dépit de cela été fabriqué, diffusé et utilisé pour blanchir la peinture qui a couvert les murs des villes européennes, en toute connaissance de cause. L'empoisonnement de ceux qui fabriquent, utilisent, voire cohabitent avec le produit, a fait l'objet, pendant près de deux siècles, d'un consentement quasi général : face à l'insoutenable légèreté de la vie humaine, la logique industrielle et politique a imposé son rythme et ses nécessités et fait de ce produit un poison légal. » Judith Rainhorn interroge en historienne les raisons du maintien durable d'une substance toxique au sein du paysage industriel et sur le marché. Elle questionne les conditions du consentement collectif des acteurs concernés : monde ouvrier au front de l'intoxication, industriels protégeant leurs produits, corps médical constatant les dégâts sanitaires, opinion publique témoin de l'affection, pouvoirs publics, enfin, dont la tolérance à l'égard du toxique s'avère singulièrement pérenne.
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