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Bétibou

Couverture du livre « Bétibou » de Claudia Pineiro aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782330014186
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Dans un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires, un «country club» auquel on n'accède qu'après des contrôles dignes du quartier général de la CIA, un homme est trouvé, la gorge tranchée. Tout porterait à croire qu'il s'agit d'un suicide si, quelques années auparavant, son épouse n'avait... Voir plus

Dans un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires, un «country club» auquel on n'accède qu'après des contrôles dignes du quartier général de la CIA, un homme est trouvé, la gorge tranchée. Tout porterait à croire qu'il s'agit d'un suicide si, quelques années auparavant, son épouse n'avait connu le même sort. Vengeance ? Règlement de comptes ? Le scoop parvient chez un vétéran des faits divers du journal El Tribuno, en délicatesse avec sa direction qui l'a muté à la rubrique «société».
La mort dans l'âme, il transmet l'information au novice du service qui ne jure que par son BlackBerry et Google. Toute la presse s'empare rapidement de l'événement et le rédacteur en chef du journal décide de dépêcher au Country Nurit Iscar, une ex-écrivain, alias Bétibou quand elle était sa maîtresse, pour qu'elle livre des chroniques depuis l'intérieur du «sanctuaire». Les trois comparses s'y retrouvent et, au rythme des meurtres qui s'accumulent, constatent rapidement que leurs propres déductions sont étrangement éloignées de celles de l'inspecteur en charge de l'affaire.
Les différentes étapes de l'enquête, minutieusement concomitantes avec des ruptures dans le cours de la vie des protagonistes, sont prétextes pour Claudia Piñeiro à une étude extrêmement pertinente sur les forces en puissance dans la société argentine contemporaine : une presse inféodée au pouvoir, des forces de sécurité garantes du crime organisé, une caste de privilégiés omnipotents déconnectés de la vie réelle.
Chaque personnage est mis en scène à un moment charnière de sa vie et se trouve face à une question. Nouveau roman, après un échec cuisant, pour l'écrivain ? Départ à la retraite pour le vieux chroniqueur dépassé ? Démission pour le jeune déjà asservi ? La réponse conduit chacun à opter pour une forme d'éthique, intime ou professionnelle. Et c'est bien la conjugaison de ces choix personnels, aussi insignifiants qu'ils puissent paraître à l'échelle macroscopique, qui infléchit les valeurs d'une société.

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  • Bétibou ou Betty Boop ? Une star de cartoon, de quatre-vingt ans, toujours en haut de l’affiche sans avoir pris une ride ou une écrivaine à succès dont les cinquante-quatre ans commencent à se voir tandis que le succès s’en est allé ? La première, c’est Betty Boop, la seconde c’est Nurit Iscar,...
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    Bétibou ou Betty Boop ? Une star de cartoon, de quatre-vingt ans, toujours en haut de l’affiche sans avoir pris une ride ou une écrivaine à succès dont les cinquante-quatre ans commencent à se voir tandis que le succès s’en est allé ? La première, c’est Betty Boop, la seconde c’est Nurit Iscar, alias Bétibou, ainsi surnommée en référence à ses bouclettes. De Betty Boop, vous saurez tout, de sa naissance en 1930, de son inspiratrice, la chanteuse Helen Kane (I Wanna Be Loved by You, repris plus tard par Marilyn Monroe et tant d’autres) ou du mouvement des « flappers » dont elle reste le symbole. De Bétibou, vous suivrez les chroniques qu’elle rédige pour le journal qui a eu la bonne idée de l’envoyer sur les lieux d’un décès suspect survenu dans une résidence ultra-sécurisée afin de maintenir l’intérêt des lecteurs selon la bonne vieille règle médiatique qui veut que ce n’est pas parce qu’on ne sait rien qu’il ne faut pas le faire savoir. Associée à un journaliste débutant et à un vieux routier, genre (pour rester dans l’univers d’Hollywood) de Bogart avec du ventre, mais aussi du coffre, de l’expérience et du talent, elle va mener l’enquête que la police semble négliger.
    Vous êtes un peu fatigué(es) des polars nordiques, des flics déprimés, des tueurs sadiques ou des thrillers sanglants ? Vous hésitez à vous plonger dans la « littérature » parce que vous aimez qu’il y ait du suspens et une intrigue ? Bétibou est le type de roman qu’il vous faut, à la croisée des chemins entre le roman policier et le roman de caractères.
    J’adore l’ambiance, les personnages, le ton souvent narquois, toujours détaché, et cette façon qu’a le narrateur de passer d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre en un instant. J’avoue, parvenu aux trois quarts du roman, que je me moque complètement de savoir qui a tué et pourquoi le dénommé Chazaretta. S’est-il tranché ou s’est-il fait trancher la gorge ? Etait-il l’assassin de sa femme, morte trois ans plus tôt dans des circonstances similaires ? Peu me chaut, tant j’ai apprécié les réflexions toujours profondes, souvent drôles*, sur la solitude, les angoisses d’une femme de cinquante ans, la retraite qui approche (adopter un chien ou pas), le succès littéraire qui vous quitte ; sur les riches, la puissance de leur argent, leurs domestiques et leurs résidences « sécurisées » ; sur la presse autocensurée et ses journalistes qui ne sont plus que des relayeurs d’informations circulant sur internet ; sur le talent qui dérange et qu’on placardise ; sur l’amour enfin, auquel il est si difficile de renoncer. Bien sûr que vous saurez ce qui est arrivé à Chazaretta mais le véritable suspens concerne la réponse à la question finale de cet extrait :
    « Tout à l'heure, en allant se coucher, il va se fumer un joint et regarder ce DVD, peu importe à quelle il s'endormira. Avec, en guise de berceuse, Betty Boop lui chantant Boop, Boop be Doop. Aura-t-il un jour le courage de dire à Nurit que c'est lui qui l'a baptisée Bétibou ? Lui racontera-t-il que, dans son bureau, il avait collé sa photo qui avait été publiée dans la revue du journal à la sortie de Mourir à petit feu, son roman préféré ? Lui racontera-t-il que Rinaldi s'est juste contenté de le copier ? Racontera-t-il un jour à Nurit Iscar, à Bétibou, qu'il est tombé amoureux d'elle à distance - comme on peut tomber amoureux d'une actrice de cinéma-, et pas seulement de ses bouclettes mais aussi de l'esprit qui inventait ces histoires, qui choisissait ces mots, qui créait ces personnages ? Non, il ne pense pas trouver un jour le courage de le lui dire. »
    Un roman étonnant, différent, passionnant, qui donne envie de faire route avec Claudia Pineiro.
    Personnellement, je vais me précipiter sur Les Veuves du Jeudi.

    * "Vous vous rendez un peu compte ou pas ? demanda Paula. De quoi ? Qu'il y a encore peu de temps, les hommes avec qui nous sortions avaient jusque là des problèmes de distension des ligaments de ménisque, allez, une appendicite à tout casser. La prostate, c'est le début de la fin, lui dit Carmen."

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