Dans un dispositif de jeu de l'oie, Antonio Tabucchi nous propose un parcours dans l'Italie
contemporaine, celle en particulier du Cavaliere Berlusconi : en cinq ans de retour au pouvoir après
une première expérience désastreuse au début des années 90, le milliardaire italien aura
sérieusement ébranlé les équilibres démocratiques de son pays en se taillant des lois sur mesure
pour échapper à la justice et pour augmenter son empire et ses richesses. Tout cela dans une
relative indifférence de l'Europe, et sous le regard complaisant de George W. Bush qui trouvait en
ce pantin un précieux complice. Le matériau de ce livre est constitué d'articles écrits au fil des ans
dans quelques grands journaux européens (El Paìs, Corriere de la Sera, Le Monde), dans lesquels
Tabucchi porte son regard d'écrivain sur des sujets d'une actualité qui dure : falsifications de
l'Histoire et révisionnisme, bellicisme au nom de fausses bonnes raisons, terrorisme et antiterrorisme,
retour du racisme, fraudes financières et intérêts occultes, menaces d'un nouvel
autoritarisme. Derrière les gesticulations d'opérette et les bouffonneries diverses se cache un très
réel danger. Le ton de Tabucchi évoque celui des textes les plus visionnaires et prophétiques de
Pasolini. C'est en rapprochant les détails et les scènes, comme dans un montage de film, que
l'ampleur du désastre finit par apparaître. N'oublions pas que le fascisme est né en Italie, avant
d'essaimer à travers l'Europe.
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