Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Ce livre entend montrer la nature et les résonances culturelles des trois grandes mutations qui ont affecté la conception de la vision sous l'influence de l'optique.
La plus ancienne débute au IVe siècle avant J-C avec l'apparition d'une optique géométrique fondée sur la notion de rayons visuels. La deuxième est due au savant arabe Ibn al-Haytham (Alhazen), qui peu après l'an mil développa une théorie antagoniste faisant entrer dans l'oeil des rayons lumineux. La troisième se produisit à l'aube de l'âge classique, quand les découvertes optiques de Kepler obligèrent Descartes à renoncer à l'idée d'une ressemblance entre l'image mentale et l'objet externe qu'elle était censée reproduire.
Les résonances culturelles de ces mutations furent nombreuses et pour certaines capitales, notamment dans la peinture. On retiendra l'impossibilité théorique d'une perspective géométriquement cohérente dans l'Antiquité, la présence posthume dans la perspective à la Renaissance de la conception alhazénienne de la vision, et surtout la mise en évidence progressive du rôle du corps dans la perception, qui finit par faire de lui à la fois un instrument et un écran - paradoxe où prend sa source l'opposition classique du sujet et de l'objet.
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