Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Aragon est un homme marqué par l'Histoire: né en 1897, il a connu les deux grands conflits mondiaux, mobilisé en 1918 et 1939, l'entre-deux-guerres, la Résistance, la guerre froide. Dans les romans du Monde réel, un événement domine tous les autres, la guerre, plus particulièrement la Grande Guerre. Pendant longtemps, il refusera de la nommer. Mais, quand il répond à l'appel du roman, il ne peut échapper au « vertige apocalyptique », de telle sorte que « tous les romans du Monde réel ont pour perspective ou pour fin l'apocalypse moderne, la guerre ».La guerre comme apocalypse, catastrophe, mais aussi, étymologiquement dévoilement. Concevant le roman comme « une machine, au sens moderne de ce mot, à transformer au niveau du langage la conscience humaine », Aragon pense la guerre pour montrer le dessous des cartes, les causes profondes du conflit. S'il se refuse à considérer la catastrophe comme fatale, il suggère la part d'inintelligible, d'obscur que recèle l'Histoire.Ce travail de recherche se propose d'analyser comment Aragon, dans le roman, fait l'expérience de sa pensée, une pensée qui se révèle plus complexe que celle qui peut se lire dans les déclarations du militant politique qu'il est aussi. Dans ces oeuvres où la réflexion historique est mise au service d'une ambition romanesque, il confirme que « le roman est [...] un langage qui ne dit pas seulement ce qu'il dit, mais autre chose encore, au-delà ».
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