Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
A côté des rares volumes de nouvelles qu'il publia, Kafka songea, à partir de 1917, faire paraître un recueil d'aphorismes.
On trouvera ici les deux grandes séries collationnées par lui de ses "pensées" éparses, délimitées par Brod et Schoeps, et conformes à l'édition allemande.La première, préparée par Kafka jusqu'en 1919, entre Prague et ses retraites à la campagne, est marquée par l'ombre menaçante de la tuberculose, par l'oscillation et le rejet dont témoignent ces années de relations convulsives avec la femme, l'impossible alma rêvée, Félice, Julie, ...
Milena; la seconde série, articulée sur le "il" (dont Kafka a dit que cette troisième personne du verbe signa son passage de la quête initiale à la littérature effective), à l'orée de 1920, tandis qu'il délaisse son volumineux journal, commencé dix années plus tôt, et comme venant étrangement s'y substituer, datant à présent sur quelques pages de ses "cahiers bleus", plutôt que les numérotant, ses pensées et aphorismes.
Comme en marge de la visée littéraire de Kafka, mais l'éclairant singulièrement, l'enjeu et la nature de ces aphorismes ne laisseront pas de surprendre. Et on pourrait dire, avec Claude David qui attira l'attention sur leur extrême importance, que c'est en effet, pour une réelle connaissance de Kafka, là sans doute "le fond permanent de sa pensée qui apparaît".
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